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convenable de l’être, et en la première solennité de la dédicace, et en la seconde congratulation et réjouissance pour la remise et rétablissement du temple. Or si ces choses ont été en figure de nous (car nous sommes le temple de Dieu, les autels, les luminaires et les vases) elles signifiaient aussi en figure, que les hommes de Dieu ne doivent pas être couronnés. La vérité se doit rapporter à l’image. Possible que tu me diras, que Jésus-Christ même a été couronné. Je te répondrai aussi en un mot : Fais-toi couronner de cette façon, et il te sera licite. Toutefois cette couronne injurieuse et impie ne lui fut pas donnée par les Juifs, ce fut une intention des soldats romains, tirée de l’usage des choses du monde, lequel le peuple de Dieu n’a reçu jamais ni en aucune allégresse publique, ni en ses particulières lascivités et débauches. Il aima mieux revenir de la captivité de Babylone, après les festins, passer le temps, et se jouer avec tambours, flûtes et psaltérions, qu’avec des couronnes ; car en la description de leurs réjouissances, et en la répréhension de leurs débauches on n’eût pas omis de faire mention des couronnes, et de remarquer l’honneur ou le déshonneur qu’elles y portaient. Aussi quand Esaïe dit : « Ils boivent le vin, avec tambours, flûtes et psaltérions, » il n’eût pas oublié d’y ajouter ce mot « avec couronnes, » si elles eussent été quelquefois en usage, même les choses concernant le service de Dieu.

X. Ainsi quand de ce que tu allègues qu’il y a des choses qui ont été controuvées par les faux dieux, et lesquelles se trouvent pratiquées à l’endroit du vrai Dieu, tu veux conclure que l’usage de porter couronne en la tête est commune aux chrétiens comme aux païens, tu te donnes cette loi à toi-même : qu’il ne faut avoir rien en commun usage qui ne soit observé au service de Dieu. Car qu’y a-t-il qui soit plus digne de Dieu que ce qui est indigne de l’idole ? et qu’y a-t-il qui soit plus propre de l’idole que ce qui convient à un mort ! car c’est choses qui appartiennent aux morts d’être ainsi couronnés, parce qu’eux-mêmes deviennent quant et quant idoles,