Page:Tertullien - Œuvres de Tertullien, édition Charpentier, 1844.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée

le monde a tenus pour dieux : car si le diable, qui est menteur, dès le commencement exerce aussi bien en cette espèce et façon, qu’au reste son mensonge et sa supposition, en s’attribuant la déité, sans doute c’est lui-même qui en avait avisé ceux en la personne desquels cette supposée déité était représentée. Quelle estime donc doivent faire les serviteurs du vrai Dieu de ce qui a été introduit par les premiers professeurs et novices du culte du diable, et qui dès son commencement a été dédié à eux-mêmes, voire qui dès lors était consacré et destiné à l’idolâtrie par les idoles, lorsqu’ils étaient (encore en vie : non que l’idole soit quelque chose, mais parce que tout ce qui se fait envers les idoles se rapporte aux diables. Or s’il en est ainsi, que ce qu’on fait aux idoles soit attribué aux diables, combien plus ce que les idoles ont fait, lorsqu’ils étaient encore en vie ! Ce sont donc, certes, les diables mêmes qui se le sont procuré par ceux, en la personne desquels ils les avaient désirés, comme avec une grande faim, avant même de les avoir procurés. Ayez cette créance cependant que je vais rompre et dissoudre une objection, qui se fait sur ce propos ; car je vois déjà que l’on dit : « Qu’il y a plusieurs autres choses approuvées par ceux que le monde a tenus pour dieux, lesquelles toutefois se retrouvent en nos usages, et des saints Pères, et autres choses divines, voire même en Jésus-Chrit, comme celui qui n’avait fait la fonction d’homme que par ces communs instruments par lesquels l’humanité se représente. » Qu’il soit ainsi ! aussi ne disputerai-je plus contre son origine. Bien que Mercure ait le premier enseigné les lettres, si les confesserai-je nécessaires pour les choses qui appartiennent au commerce et pour l’étude de la piété, et nos devoirs envers Dieu. Et encore qu’il ait le premier tendu les cordes pour en tirer des sons et de l’harmonie, je ne nierai pas, quand je vois David, que les saints ne se soient servis de cet instrument, et qu’ils ne l’aient employé au service et ministère de Dieu. Accordons-leur, s’ils le veulent ainsi, qu’Esculape ait le premier fait essai de la médecine. Il me souvient qu’Esaïe