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qu’aux portiques et aux galeries de son mari, elle se promenât voilée, puisqu’elle agréa. Je veux qu’elle ait toujours été cachée de son voile. Si je demande la loi de tel habit, soit en elle ou en autre quelconque, et que je n’en trouve en aucune part de l’Écriture, il s’ensuit donc que c’est la tradition qui a donné à la coutume cet usage et façon, qui doit prendre quelquefois l’autorité de l’apôtre, par l’interprétation qu’il a fait de sa raison. Donc par ces exemples il sera manifeste : qu’une tradition non écrite et confirmée par la coutume se peut défendre et qu’on en peut soutenir l’usage même, comme celle qui, par la persévérance et continuation de soi-même, est fidèle et idoine témoin que c’est une tradition approuvée. La coutume, faute de lois, même dans les choses civiles, est reçue pour loi. Et n’importe si la loi consiste ou en l’Écriture ou seulement en la raison, puisque la loi même n’a point d’autre garant ou aveu que la raison. Que si la loi gît et consiste en la raison, tout ce qui sera appuyé sur la raison sera loi, de quiconque soit-il allégué. Ne penses-tu pas qu’il est loisible à chaque fidèle de concevoir en un esprit quelque chose, et faire une ordonnance pourvu qu’elle soit de Dieu, et à l’avancement de la discipline et au salut de l’âme, puisque le Seigneur a dit : « Pourquoi est-ce que vous ne jugez de vous-mêmes ce qui est juste ? » ce qu’il entend non-seulement des choses qui viennent en jugement, mais aussi de tout jugement qu’on fait sur tout ce qui est à examiner. Aussi l’apôtre dit : « Si vous ignorez quelque chose, Dieu vous la révélera. » Lui-même a coutume de donner en conseil ce en quoi il n’y avait aucune ordonnance du Seigneur, voire d’ordonner certaines choses de soi et de son autorité privée ; aussi avait-il l’esprit de Dieu, lequel est le guide à toutes vérités. Ainsi donc son conseil et son ordonnance sont reçus comme un commandement de Dieu, parce qu’ils sont soutenus de la raison, laquelle est divine. Presse tant que tu voudras en demandant cette raison, mais que ce soit sauf le respect qui est dû à la tradition. Par qui que ce soit que tu la reçoives, considère non l’auteur, mais