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permis de porter couronne parce que l’Écriture ne le défend pas, on peut dire de même que porter couronne est mal fait, parce que l’Écriture ne le commande pas. Que fera alors la discipline ou l’usage ecclésiastique ? Recevra-t-elle l’un et l’autre comme non défendus ? ou les rejettera-t-elle comme non commandés ? Mais vous direz : « Ce qui n’est pas prohibé est autant qu’expressément permis. » Tout au contraire ce qui n’est pas expressément permis est autant comme prohibé.

III. Et jusques à quand mènerons et ramènerons-nous la scie par cet alignement, puisque nous avons l’usage ancien, lequel y a déjà donné coup ? Si l’Écriture n’en a rien déterminé, il est au moins certain qu’elle a été fortifiée par la coutume, laquelle sans doute est découlée et provenue de la tradition ; car comment aurait-on mis en usage quelque chose, si premièrement la tradition ne nous l’avait appris ? Mais tu me diras qu’aussi, pour l’établissement et la validité de la tradition, l’autorité de l’Écriture est pareillement requise. Il nous faut donc mettre en doute si la tradition non écrite doit être reçue ou non. J’accorderais volontiers qu’il ne la faut pas recevoir, s’il ne se trouvait des exemples, d’autres usages, qui y donnent préjugé ; et lesquels toutefois nous ne maintenons que par le seul titre et autorité de la tradition, sans aucun témoignage de l’Ecriture, et puis après autant qu’elles sont soutenues par la coutume. Or afin que je commence par le baptême : quand nous y allons, nous protestons, sur le lieu, ou un peu devant l’église, sous la main de notre prélat, que nous renonçons à Satan, à ses pompes et à ses anges ; puis, par trois fois, nous sommes plongés, répondant quelque chose de plus que le Seigneur par son Évangile n’a institué. Laissés de là, nous allons goûter la doucereuse concorde du lait et du miel mêlés ensemble. De là en avant, on ne se lave point le corps de toute la semaine. Nous recevons le sacrement de l’Eucharistie : assemblées qui se font à jeun et devant le jour ; et nous ne le prenons que de la seule main des supérieurs ou des prêtres, et non d’autres, combien