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la troisième fois. Enfin où est Dieu, là se trouve aussi la patience, qui est instruite par lui. Lors donc que l’Esprit saint descend dans nos cœurs, la patience, sa compagne inséparable, descend avec lui. Si nous la recevons avec cet Esprit divin, il demeurera toujours en nous et il ne persévérera pas dans nos cœurs sans cette chère et fidèle compagne. Loin d’elle nous serons toujours dans le trouble, et nous ne saurions résister aux attaques de l’ennemi, si nous lui ôtons l’instrument nécessaire pour les repousser.

XVI. Telle est la règle et la pratique de cette vertu céleste que le christianisme nous propose, bien différente de cette patience fausse et terrestre qui fait toute la vertu des gentils ; car en ceci, comme en toute autre chose, le démon a essayé d’être le rival de Dieu. Il a voulu, cet esprit jaloux, inspirer aux siens une certaine patience qui égalât la patience chrétienne. Il est vrai que dans leur différence il y a quelque sorte de rapport, l’une étant aussi mauvaise que l’autre est bonne. Il a donc tâché de leur inspirer une espèce de patience ; par exemple, celle qui soumet à la puissance des femmes certains maris qui se sont vendus pour une grosse dot, ou qui font un trafic infâme de l’honneur de leur épouse ; ou bien cette patience qui fait essuyer, avec de fausses démonstrations d’amitié, des services pénibles et humiliants, pour saisir l’héritage d’une personne qui n’a point d’enfants ; ou bien cette patience qui expose un misérable parasite à souffrir lâchement cent outrages pour un repas qu’il achète au prix de sa liberté et de son honneur. Voilà les différentes espèces de patience que connaissent les gentils. Ils donnent le nom d’une si sainte vertu à des exercices bas et ignominieux : quelle folie ! Toujours prêts à tout endurer de la part d’un rival, d’un homme riche, d’un hôte orgueilleux, ils n’ignorent que la science de souffrir pour Dieu. Mais laissons ces infortunés patients de la terre, dont la patience sera bien plus rigoureusement exercée dans l’autre monde par un feu dévorant. Pour nous, chérissons la patience de Dieu et