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I. Je le confesse devant Dieu, c’est en moi trop de hardiesse, pour ne pas dire de témérité, que d’oser composer un ouvrage sur la patience, puisque je ne puis en donner aucun exemple dans ma personne, dépourvu comme je suis de tout bien. Il faudrait cependant, lorsque l’on entreprend l’éloge de quelque vertu, commencer par faire voir qu’on la pratique, et autoriser ainsi les leçons par l’expérience, afin que les paroles ne fissent point rougir d’être si mal soutenues par les effets. Fasse le ciel que la honte de ne pas faire moi-même ce que j’enseigne aux autres m’apprenne enfin à le pratiquer ! Il est vrai qu’il y a certaines vertus, de même que certains maux, dont l’exercice paraît surpasser les forces humaines. Il faut un secours particulier de la grâce divine pour embrasser ces vertus et pour les cultiver avec fruit. Ce qui est parfaitement bon doit venir de Dieu, il n’y a que celui qui le possède qui puisse le communiquer. C’est pourquoi, semblable à des malades qui ne cessent de publier les avantages de la santé lorsqu’ils en jouissent le moins, j’espère de trouver une espèce de consolation à parler d’un bien que je suis très fâché de ne pas posséder. Ainsi pour mon malheur, toujours brûlant des ardeurs de l’impatience, je dois soupirer sans cesse après ma santé, la demander instamment, et ne rien omettre pour l’obtenir, surtout quand je considère dans le sentiment de ma faiblesse qu’il est difficile que la foi soit bien vigoureuse, et que la doctrine chrétienne conserve ses forces si la patience ne vient au secours. En effet, elle est