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diacres le peuvent aussi conférer ; mais non sans permission de l’évêque, pour respecter l’Église dans son chef et pour y maintenir la paix par cette subordination. Du reste les laïques ont aussi quelquefois le pouvoir d’administrer le baptême. Ainsi lorsqu’il ne se trouve ni évêque, ni prêtre, ni diacre, nul ne doit receler le don du Seigneur. Par conséquent le baptême étant un des biens que Dieu distribue aux hommes sans exception, tous peuvent aussi le communiquer. Cependant les laïques doivent toujours se souvenir de la modestie et du respect qu’ils doivent exactement garder envers leurs supérieurs, en qui réside principalement ce pouvoir. Qu’ils prennent donc garde de ne pas s’attribuer un office qui n’appartient qu’à l’évêque. L’émulation est la mère des schismes. Le très-saint apôtre a dit que "tout était permis ; mais que tout n’était pas expédient". Qu’il suffise donc à un laïque d’user de ce pouvoir dans les cas seulement de nécessité, c’est-à-dire lorsqu’il y sera obligé, eu égard aux circonstances du lieu, du temps et de la personne ; car alors la conjoncture du péril où se trouve l’un excuse suffisamment l’office secourable de l’autre. On se rendrait autrement coupable de la perte d’une âme, si on refusait de lui accorder ce qu’on a pu lui donner.

Au reste, l’insolence de certaines femmes qui ont usurpé le droit d’enseigner les portera-t-elle à s’arroger encore celui de baptiser ? J’ai de la peine à le croire, à moins qu’il ne paraisse quelque nouveau monstre aussi hardi que le premier. Que si quelques-unes de ces femmes téméraires, qui lisent sans aucun discernement les écrits de saint Paul, osent justifier leur prétention par l’exemple de Thècle, à laquelle, dit-on, cet apôtre donna le pouvoir d’enseigner et de baptiser, qu’elles sachent que le livre duquel elles s’autorisent n’est point de saint Paul, mais d’un prêtre d’Asie, qui le composa sous le nom de saint Paul, quoique tissu de ses propres rêveries. Ce prêtre, ayant été ensuite convaincu par sa confession même qu’il |p