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parler. Par conséquent ce qui ne produisait pas des effets célestes n’était point céleste. Puisque d’ailleurs ce que Jean avait reçu de céleste, c’est-à-dire l’esprit de prophétie, vint tellement à lui manquer, après que toute la plénitude du Saint-Esprit fut passée dans le Seigneur, que ne connaissant presque plus celui dont il avait annoncé l’avènement prochain, il lui envoya demander s’il était véritablement le Messie qui devait venir. Ce baptême de la pénitence ne faisait donc que disposer à la rémission et à la sanctification qu’on devait obtenir ensuite par Jésus-Christ ; car quoique Jean prêchât le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés, cela ne doit néanmoins s’entendre que d’une rémission future. La pénitence précède, la rémission ne vient qu’après, et c’est ce qui s’appelle préparer la voie. Or celui qui prépare n’est pas le même que celui qui achève ; il dispose seulement, afin qu’un autre mette la dernière main. Jean avoue lui-même que ce qu’il faisait n’était point céleste ; cela n’appartenait qu’à Jésus-Christ. « Celui qui vient de terre, disait-il, parle un langage terrestre ; mais celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. » Enfin il déclare que pour lui il ne donne qu’un baptême de pénitence ; mais qu’il viendrait bientôt un autre plus grand que lui, qui baptiserait dans le Saint-Esprit et dans le feu ; c’est-à-dire que comme les vrais fidèles sont purifiés par le baptême d’eau pour leur sanctification, de même les hypocrites et les infidèles recevront un baptême de feu pour leur condamnation.

XI. Quelqu’un dira peut-être : le Seigneur est venu sans qu’il ait néanmoins baptisé ; car nous lisons, « ce n’était pas cependant Jésus qui baptisait, c’étaient seulement ses disciples. » Il semble pourtant qu’il avait été prédit par Jean que Jésus baptiserait lui-même de ses propres mains. Je réponds que les paroles de Jean doivent être étendues selon une manière de parler assez commune.|p