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III. Quelque impression que doive faire sur nous ce divin oracle, qui doit être pour nous un principe invincible, examinons cependant plus au long s’il est ridicule ou impossible que l’homme soit régénéré de l’eau. Pour être moins surpris que cette matière ait pu être élevée à une si haute dignité, il est bon de considérer cet élément jusque dans son origine. Elle est noble cette origine, elle est illustre dès le commencement du monde ; car l’eau est parmi les éléments celui qui, avant que l’univers eût reçu toute sa perfection, demeurait comme caché dans la puissance de Dieu. "Au commencement, dit l’Écriture sainte, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était invisible et sans ornement ; les ténèbres étaient sur l’abîme, et l’esprit de Dieu était porté sur les eaux." Voilà d’abord, ô hommes ! de quoi révérer la substance de l’eau par l’ancienneté de son usage, et de quoi respecter ensuite sa dignité ; elle était le siège de l’esprit divin et plus privilégiée alors que les autres éléments. Tout n’était qu’un chaos affreux, les étoiles ne rendaient point encore de lumière ; tout était informe ; la mer était lugubre, la terre sans ornement, les cieux sans beauté. L’eau, la seule eau toujours matière parfaite, toujours excellente, toujours pure, servait de trône à l’esprit de Dieu. Ajoutez que quand Dieu fit ensuite l’arrangement des différentes parties de l’univers, il le fit par moyen des eaux ; car pour suspendre au milieu du monde le firmament, il sépara les eaux d’avec les eaux. Pour suspendre la terre, il fit une semblable séparation. Le monde étant enfin arrangé dans toutes ses parties par la disposition de ses divers éléments, comme il devait être habité, ce fut aux eaux en premier lieu qu’il commanda de produire des âmes vivantes. C’est donc l’eau qui la première produisit ce qui a vie, afin qu’on ne soit pas surpris que dans le baptême l’eau puisse donner la vie éternelle à notre âme. Dans la formation même de l’homme, Dieu employa l’eau pour achever ce sublime ouvrage. La terre est à la vérité la matière dont l’homme fut fait ; mais cette terre n’eût pas été assez disposée pour cet ouvrage, si elle n’avait été|p