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XXXIII. Mais, tandis qu’Hermogène la rencontre parmi ses couleurs, car il n’a pu la rencontrer parmi les Ecritures de Dieu, il nous suffit qu’il soit certain que tout a été créé par Dieu, et qu’il ne soit pas certain que tout a été créé de la Matière. En supposant même qu’elle eût existé, il faudrait croire qu’elle avait été créée par Dieu, parce qu’en opposant à nos adversaires la prescription que rien, excepté Dieu, n’est incréé, nous aurions gain de cause. On peut discuter tant que la Matière, sommée de prouver son existence par les Ecritures, n’est pas impuissante à le faire. Je l’arrête d’un mot : Rien n’a été fait sans le Verbe, rien de rien, puisque je sais que ce qui a été fait n’existait pas auparavant. Ou si quelque chose a été fait de quelque chose, il a son origine dans ce qui a été fait ; ainsi de la terre proviennent les plantes, les fruits, les animaux et la forme extérieure de l’homme lui-même ; ainsi encore des eaux naissent les animaux qui nagent ou qui volent. A ce titre, je pourrai appeler du nom de matières les origines des choses qui sortent de celles-ci ; mais bien entendu que ces matières auront été créées elles-mêmes par Dieu.

XXXIV. Au reste, que tout ait été formé de rien, la disposition qui doit tout faire rentrer dans le néant ne nous en convaincra que mieux. En effet, « le ciel sera roulé comme un livre, » ou plutôt ils disparaîtra complètement avec la terre elle-même, qui fut créée en même temps que lui dès le commencement. « Le ciel et la terre passeront, » est-il dit. « Le premier ciel et la première terre avaient disparu, et on ne trouvait même plus la place où ils avaient été, » parce que la chose qui finit perd jusqu’à la place qu’elle occupait. Même langage dans David : « Les cieux sont l’ouvrage de tes mains, et ils périront ; tu les changeras comme un manteau, et ils seront changés ; » mais changer, c’est quitter son premier état perdu par ce changement. « Les étoiles tomberont du ciel comme le figuier, lorsqu’ébranlé par un vent violent,