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de ses astres et de ses étoiles ; par peupler les mers de leurs gigantesques habitants. Il ne dote pas sur-le-champ la terre de sa riche fécondité. D’abord il lui donne l’être ; plus tard il la peuple d’habitants, pour qu’elle ne demeure pas vide. « Car, dit Isaïe, ce n’est pas en vain, mais pour l’homme, qu’il l’a formée. » Maintenant donc que la voilà faite, elle deviendra parfaite un jour ; jusque là, « elle est invisible et grossière. » Grossière, il est vrai, par cela même qu’elle est invisible, attendu qu’elle n’est pas parfaite pour l’œil, ni pourvue de tout ce qui lui manque encore ; invisible, parce qu’elle est environnée par un rempart liquide, trésor de sa fécondité ; épaisse, pour que notre chair ait quelque ressemblance avec sa forme. Ainsi le chante le Psalmiste : « La terre et tout ce qu’elle renferme est au Seigneur ; l’univers et tout ce qui l’habite est à lui. C’est lui qui l’a affermi au milieu des mers et qui l’a élevé au-dessus des fleuves. » L’aride, qui jusque là était couverte par les eaux, devint plus brillante par la séparation des eaux qui se précipitèrent vers le fond de l’abîme. Dès ce moment elle devient visible, lorsque Dieu dit : « Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que l’aride paraisse. » Que l’aride paraisse, entends-tu ? mais non qu’elle soit ; car elle était déjà créée, mais elle continuait d’être invisible jusqu’à ce moment. Aride, dit le Seigneur, parce qu’elle allait le devenir par la séparation des eaux, tout en demeurant terre. « Et Dieu appela l’aride, terre, » mais non Matière. Arrivée par la suite à sa perfection, elle cessa d’être grossière, aussitôt qu’elle eut entendu cette parole du Seigneur : « Que la terre produise les plantes verdoyantes avec leur semence, les arbres avec des fruits, chacun selon son espèce, qui renferment en eux-mêmes leur semence, pour se reproduire. » Et ailleurs : « Que la terre produise des animaux vivants, chacun selon son espèce : les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes fauves, selon