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pourvu que ce ne soit pas de rien, puisque déjà il en existait dont elles pouvaient sortir ; si l’Esprit saint a mis tant de soin à nous apprendre d’où provenait telle ou telle chose, eût-il oublié de nous instruire également sur l’origine du ciel et de la terre, en nous indiquant d’où le Seigneur les avait tirés, et de quelle Matière se composait leur origine, pour paraître ainsi d’autant plus les avoir formés de rien, qu’il n’y avait rien encore dont il pût les former ? Conséquemment, de même qu’il désigne d’où a été tiré ce qui l’a été de quelque chose, de même, en ne disant pas d’où une chose a été tirée, il confirme qu’elle l’a été de rien. J’en conclus que, « dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre. » J’adore la plénitude de l’Ecriture, parce qu’elle me révèle et le Créateur et son œuvre. De plus, je trouve dans l’Evangile le Verbe, ministre et conseil de celui qui gouverne le monde. Que tout ait été créé d’une Matière préexistante, je ne l’ai encore lu nulle part. A l’officine d’Hermogène de nous montrer où cela est écrit. Si cela n’est pas écrit, qu’il redoute ce terrible « malheur ! » qui attend « ceux qui ajoutent ou qui retranchent. »

XXIII. Mais il invoque le passage suivant, où il est écrit : « La terre était invisible et sans forme. » Car il applique à la Matière le nom de terre, parce que la terre en provient. Il veut ensuite que le verbe était désigne une Matière qui existât autrefois sans avoir jamais commencé ni reçu l’être, « Invisible et informe, » ajoute-t-il, parce que la Matière, selon lui, était grossière, confuse, désordonnée. Je réfuterai l’une après l’autre chacune de ces opinions ; mais en attendant, donnons-lui cette réponse. Nous t’accordons qu’il s’agit ici de la Matière. Toutefois, de ce qu’elle était avant toutes choses, l’Ecriture indique-t-elle que le Seigneur en ait tiré quelque chose ? Non, assurément, elle n’affirme rien de pareil. Que la Matière ait existé autant qu’il lui plaira, je me trompe, comme il plaira à Hermogène, je te l’accorde ; elle a pu exister néanmoins, sans que Dieu en ait tiré la moindre, chose,