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j’étais là ; lorsqu’il entourait l’abîme d’une digue ; lorsqu’il suspendait les nuées et qu’il fermait les sources de l’abîme qui est sous le ciel, alors j’étais auprès de lui. C’était moi qui faisais ses délices, me jouant sans cesse devant lui, quand il se réjouissait d’avoir créé l’univers, et qu’il se plaisait à habiter avec les fils des hommes. » Qui n’admettrait plus volontiers celte Sagesse comme le principe et la source de toutes choses, Matière des Matières, qui n’était pas inférieure à elle-même, qui ne différait pas d’essence, que n’agitait pas un mouvement continuel, que ne déshonorait pas une forme grossière, mais innée, s’appartenant en propre, intelligente et d’une beauté merveilleuse, telle enfin que peut en avoir besoin un Dieu qui a plus besoin de ce qui est à lui que de ce qui est à autrui ? En un mot, aussitôt qu’il eut reconnu qu’elle lui était nécessaire pour créer l’universalité des êtres, voilà qu’il procède à leur formation, et engendre dans lui-même. « Le Seigneur, est-il dit, m’a possédée au commencement de ses voies ; avant les siècles, j’étais ; avant de produire la terre, avant d’affermir les fondements des montagnes, avant de poser le sommet des collines, il m’avait engendrée. Les abîmes n’étaient pas, que j’étais déjà née. » Qu’Hermogène reconnaisse donc pourquoi il est dit de la Sagesse de Dieu qu’elle est née et qu’elle a été créée. C’est afin que les hommes fussent bien convaincus qu’il n’y a rien qui n’ait pris naissance et n’ait eu un commencement, excepté Dieu lui seul. Si, en effet, ce qui naît dans le Seigneur lui-même, de lui et en lui, a eu un commencement, c’est-à-dire si sa Sagesse elle-même naquit et fut créée au moment où elle commença de se mouvoir dans la pensée de Dieu, pour ordonner toutes les œuvres de notre monde, à plus forte raison est-il impossible d’admettre que rien de ce qui existe en dehors du Seigneur n’a eu de commencement. Mais si cette même Sagesse est le Verbe de Dieu, Verbe, c’est-à-dire Sagesse, « sans lequel rien n’a été fait, »