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sa même puissance et de sa volonté, des choses bonnes et rien que des choses bonnes, comme il l’aurait dû, il en a tiré néanmoins qui toutes ne sont pas bonnes, et même qui sont mauvaises, les voulant, mauvaises, par conséquent, si leur existence a dépendu de lui, ou bien impuissant à ne créer que des choses bonnes, s’il l’a voulu sans l’exécuter, puisque peu importe que Dieu soit l’auteur du mal par impuissance ou par volonté.

Ou bien quelle raison avait-il pour qu’après avoir créé des biens, en sa qualité de Dieu bon, il créât aussi des maux, comme si la bonté lui manquait, puisqu’il ne s’est pas borné à des créations en harmonie avec sa nature ? Son œuvre à lui une fois consommée, quel besoin avait-il d’agir dans les intérêts de la Matière, en créant ensuite le mal, pour se faire reconnaître seul bon au bien qu’il avait créé, tandis que la Matière ne serait pas reconnue mauvaise au mal qu’elle avait engendré ? Le bien n’en aurait fleuri qu’avec plus d’éclat sans le souffle du mal. Car Hermogène détruit les arguments de quelques-uns qui prétendent que les maux étaient nécessaires pour faire ressortir les biens, qui brillent mieux par les contrastes. Ainsi donc, ce n’est pas pour cette raison que le mal fut créé : ou bien, si quelque autre motif en détermina l’origine, pourquoi donc n’aurait-il pas pu naître de rien ? Dieu serait justifié du reproche d’être l’auteur du mal, par la même raison qui l’excuse aujourd’hui, lorsqu’il fait sortir les maux de la Matière. Si elle l’excuse, il est donc vrai que la question est entraînée de toutes parts là où ne le veulent point ceux qui, sans examiner la distinction du mal, et sans savoir comment l’attribuer à Dieu, ou le séparer de Dieu, livrent Dieu à de nombreuses et indignes contradictions.

XVI. Au début de cette discussion, sur laquelle il me faudra peut-être revenir, je déclare donc qu’il faut attribuer ou à Dieu le bien et le mal qu’il a engendrés de la Matière, ou bien à la Matière, de laquelle il les a engendrés, ou bien l’un et l’autre à tous les deux à la fois, parce que