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Matière lui est coéternelle ? Entre des êtres coéternels et contemporains, point de rang, ou bien la Matière est également la première. « Moi seul j’ai étendu les deux. » Il se trompe ; il ne les a étendus qu’avec celle qui lui a donné de quoi les étendre. Quand Hermogène déclare que la Matière exista sans porter atteinte à l’essence de Dieu, prends garde que nous ne lui répliquions, Dieu exista sans porter atteinte à l’essence de la Matière, pourvu néanmoins que l’essence soit commune. Il restera donc à la Matière d’avoir existé, mais avec Dieu, comme à Dieu d’avoir été seul, mais avec elle. Elle sera la première avec Dieu, parce que Dieu sera le premier avec elle ; de plus, elle ne pourra être comparée à Dieu, parce que Dieu ne pourra lui être comparé ; elle est auteur de l’univers avec Dieu ; elle est souveraine avec lui. Voilà comme Dieu a quelque chose de la Matière, et non tout ce qui la constitue : Hermogène ne lui a donc rien laissé qu’il n’ait accordé également à la Matière ; de sorte que la Matière est moins élevée jusqu’à Dieu, que Dieu n’est élevé jusqu’à la Matière. Ainsi donc, puisque les attributs distinctifs de Dieu, tels que d’avoir toujours été, de ne connaître ni commencement ni fin, d’être le premier et le seul auteur de foutes choses, conviennent également à la Matière, je le demande, où sont les caractères différents et étrangers à Dieu que la Matière possède en propre, et qui l’empêchent d’être comparée à Dieu ? Là où se retrouvent tous les attributs propres à un Dieu, il y a présomption que tout le reste se ressemble.

VII. Hermogène déclare-t-il que la Matière est moindre que Dieu, inférieure à lui, que par conséquent elle en diffère, et conséquemment encore n’admet pas de comparaison avec un être plus grand qu’elle et supérieur à elle ? Je lui oppose cette prescription ; ce qui est éternel et incréé n’admet ni diminution ni abaissement, parce que ce privilège fait Dieu tout ce qu’il est, c’est-à-dire un être qui ne sera ni inférieur, ni soumis à personne, je me trompe, qui