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XIX.

JUGEMENT SUR SON STYLE ET SES OUVRAGES.

Quant au style de Tertullien, on ne peut disconvenir qu’il ne soit dur, inculte, obscur et quelquefois trop enflé. Partout il est chargé de termes barbares et inconnus dans la bonne latinité, plein de sentences et de pointes d’esprit qui ont souvent plus de brillant que de solidité. On y en trouve néanmoins, et même en grand nombre, qui sont nobles, élevés, et dont la beauté adoucit la peine qu’il faut se donner quelquefois pour en bien pénétrer le sens. Outre la langue latine, il avait étudié celle des Grecs, dans laquelle il écrivit quelques ouvrages dont aucun n’est parvenu jusqu’à nous. On voit par son Apologétique et ses autres ouvrages contre les païens, qu’il possédait ce que les Lettres humaines ont de plus beau et de plus savant. Ses livres contre Marcion renferment tous les principes de l’ancienne théologie. Il faut dire la même chose de son livre contre Praxéas, dans lequel il expose avec tant de netteté et de précision la foi de l’Église sur la Trinité des personnes en un seul Dieu, qu’il peut servir de modèle à tous ceux qui ont à traiter une matière si sublime. Ses livres du Baptême, de la Couronne du soldat, de l’Apologétique, du Jeûne et de la Pudicité, sont comme un trésor des rites et des anciens usages de l’Église. Enfin son livre des Prescriptions fournit des armes pour combattre et ruiner toutes sortes d’hérésie. C’est surtout dans ce traité que l’on remarque la vivacité du génie de Tertullien, la pénétration et l’étendue de son esprit, la force de son raisonnement. Il est tout différent dans les ouvrages qu’il a composés depuis son schisme. Quoiqu’ils renferment quantité de choses très-remarquables et très-utiles, on n’y trouve pas autant de solidité, de pénétration et de fécondité d’esprit, que dans ceux qu’il a composés étant Catho