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le bois de la passion de Jésus-Christ, afin que ce qui avait péri autrefois en Adam par le bois, soit réparé par le bois de Jésus-Christ, pendant que nous autres, qui avons succédé aux prophètes, nous endurons aujourd’hui les mêmes tribulations qu’éprouvèrent toujours les prophètes pour leur divine religion. Les Juifs, en effet, ont lapidé les uns, ils ont banni les autres, ils en ont immolé plusieurs ; ils ne sauraient le nier.

Voilà encore le bois qu’Isaac, fils d’Abraham, portait sur ses épaules pour son sacrifice, lorsque Dieu avait demandé qu’il lui fût offert comme une victime. Mais comme c’étaient là des symboles dont le Christ se réservait la consommation, Isaac fut épargné avec son bois, et remplacé sur l’autel par un bélier dont les cornes s’étaient embarrassées dans le buisson. Le Christ, lui, porta sur ses épaules le bois du sacrifice, et appliqua son corps sur les cornes ou extrémités de la croix, la tête couronnée d’un diadème d’épines. Il fallait qu’il fût sacrifié pour toutes les nations, « celui qui fut conduit à la mort comme une brebis, et qui n’ouvrit pas plus la bouche que l’agneau, muet sous la main qui le tond. » Pilate a beau l’interroger, il n’en reçoit point de réponse. « Il est mort au milieu des abaissements, après une condamnation. Mais qui racontera sa génération ? » Parce qu’en effet nul homme ne sut le secret de la conception et de la naissance de Jésus-Christ, lorsque la Vierge Marie fut trouvée enceinte du Verbe de Dieu, « Il a été enlevé à la terre des vivants. » Oui, sans doute, lorsqu’après sa résurrection d’entre les morts, qui eut lieu le même jour, il rentra triomphalement dans les cieux, selon la promesse prophétique d’Osée : « Ils se lèveront avant le jour pour venir vers moi, en disant : Allons, retournons vers le Seigneur, parce que c’est lui qui nous délivrera et nous sauvera. Après deux jours, le troisième jour, » qui est celui de sa résurrection glorieuse, le même Esprit dont les Juifs ne voulurent connaître ni la naissance, ni la passion, le reçut de la terre dans