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m’ont considéré attentivement. — Ils m’ont présenté du vinaigre pour apaiser ma soif. » Ce n’est pas David qui a souffert toutes ces cruautés, pour avoir le droit de se les appliquer à lui-même, mais le Christ qui a été crucifié. On ne perce d’ailleurs les pieds et les mains qu’à celui qui est suspendu au bois. De là vient que David prédisait que le Seigneur régnerait du haut du bois. Car le même prophète annonçait ailleurs les fruits merveilleux de ce bois, lorsqu’il disait : « La terre a enfanté son fruit. » Oui, cette terre vierge que n’avaient pas encore arrosée les pluies, que les ondées n’avaient pas encore fécondée, cette terre de laquelle l’homme fut formé autrefois, de laquelle Jésus-Christ est né aujourd’hui d’une Vierge, selon la chair.

« Le bois, est-il dit encore, a porté son fruit. » Non pas ce bois qui, dans le Paradis, donna la mort à nos premiers parents, mais le bois de la passion de Jésus-Christ, « où a été suspendue la vie à laquelle vous n’avez pas cru. » Bois mystérieux ! C’est par sa vertu que Moïse corrigeait autrefois l’amertune des eaux de Mara, lorsque, dans le désert, elles rendirent la vie au peuple qui allait mourir de soif, de même que nous autres, infidèles, arrachés à la nuit du siècle dans laquelle nous étions ensevelis et travaillés par une soif mortelle, c’est-à-dire privés des salutaires breuvages de la parole divine, nous avons bu l’eau du baptême, adoucie par le bois sacré de la passion, et avons recouvré la vie par cette même foi qu’Israël a répudiée, suivant cette parole de Jérémie : « Envoyez au loin, et interrogez avec soin : y eut-il jamais rien de semblable ? Les nations ont-elles changé leurs dieux, ces dieux, vains simulacres ? Et mon peuple a changé sa gloire pour une idole ! Le ciel en a frémi d’épouvante. » Quand et comment le ciel a-t-il pu frémir d’épouvanté ? Incontestablement lorsque Jésus-Christ a souffert. « Et il a tressailli d’horreur, dit Amos, et le soleil s’est obscurci au milieu du jour. »