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les péchés, je ne puis accorder à qui que ce soit le même privilège, s’il ne le justifie par les mêmes preuves. Toutefois, quand tu demandes au martyr le pardon de l’adultère et du fornicateur, tu confesses toi-même que ces crimes ne peuvent être effacés que par un martyre personnel, puisque tu attends cette faveur d’un martyre étranger. S’il en est ainsi, le martyre sera dès-lors un autre baptême. « J’ai encore un autre baptême, » est-il dit. Voilà pourquoi il sortit de la blessure du côté de notre Seigneur, du sang et de l’eau, matière de ce double baptême.

— Je puis donc délivrer autrui par le premier baptême, si je le puis par le second.

— Il faut que nous répétions souvent cette vérité : Quelle que soit l’autorité, quelle que soit la raison qui rende la paix de l’Église à l’adultère et au fornicateur, la même autorité et la même raison devront conférer la paix à l’homicide et à l’idolâtre qui se repentent, certainement du moins à l’apostat, et à celui qui, après avoir lutté quelque temps dans le combat qu’il soutenait pour Jésus-Christ, fut vaincu par la cruauté des supplices.

D’ailleurs il serait indigne de Dieu et de sa miséricorde, qui préfère à la mort du pécheur son repentir, que ceux qui ont failli dans la luxure rentrassent plus facilement dans l’Église que ceux qui ont failli en combattant. L’indignité nous presse de le demander. Rétabliras-tu plus volontiers des corps souillés que des corps ensanglantés ? Quelle est la pénitence la plus propre à exciter la compassion, celle qui mortifie une chair flétrie par la débauche, ou celle qui mortifie une chair déchirée par les ongles de fer ? Quel est le pardon le plus juste sous tous les rapports, celui qu’implore un pécheur qui a failli volontairement, ou celui que sollicite un pécheur qui n’a succombé qu’à la contrainte ? Qui sacrifie aux idoles, cède à la violence ; qui s’abandonne à l’impureté a été pleinement libre. Point d’autre force qui pousse à la passion, que l’emportement même