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colonne, il est abandonné à la dent des lions ; courbé sur une roue, les flammes du bûcher commencent à le dévorer ; au milieu même de la sécurité et de la possession du martyre, qui permet à l’homme de remettre des prévarications réservées à la miséricorde de Dieu, des prévarications qu’il a condamnées sans leur laisser d’espoir, et que les apôtres, qui ont été des martyrs aussi, si je ne me trompe, n’ont pas jugées rémissibles ? En un mot, Paul avait déjà combattu à Ephèse contre les bêtes féroces, lorsqu’il prononce la sentence de mort contre l’incestueux. Qu’il suffise au martyr d’avoir expié ses propres péchés. Il n’appartient qu’à un ingrat ou à un orgueilleux de prodiguer aux autres ce qu’il n’a conquis qu’avec effort. Qui détruit la mort de son frère par sa propre mort, sinon le Fils de Dieu lui seul ? Ne délivra-t-il pas le larron jusque dans sa Passion ? Il n’était venu, en effet, qu’afin de mourir pour les pécheurs, lui qui était pur de tout péché, et la sainteté par excellence. Toi donc qui veux remettre les péchés comme lui, si tu n’as pas péché toi-même, eh bien ! souffre pour moi. Si, au contraire, tu es un pécheur, comment l’huile de ta petite lampe pourra-t-elle nous suffire, à toi et à moi ? Ici encore je veux reconnaître le Christ. Si le Christ ne réside dans le martyre qu’afin que le martyr donne l’absolution au fornicateur et à l’adultère, révèle-moi le fond des cœurs, lui dirai-je, pour remettre ainsi les prévarications, et je te tiens pour le Christ. C’est par ces traits que Jésus-Christ manifesta son pouvoir. « Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? Quel est le plus facile de dire : Vos péchés vous sont remis, ou de dire : Levez-vous et marchez ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, levez-vous, dit-il au paralytique, et marchez. »

Si le Seigneur a pris soin d’attester sa puissance jusqu’à révéler la pensée des hommes avant d’opérer la guérison, afin que l’on ne crût point qu’il ne lui était pas permis de remettre