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n’est point encore affranchie par celui auquel elle était réservée. En effet, la chair n’ayant pas encore été rachetée par Jésus-Christ, qui se la réservait, elle se souillait impunément ; mais une fois rachetée, il n’y a plus de pardon pour elle.

XXI. Plus les Apôtres connaissaient ces autorités, plus ils les respectaient, par conséquent. Mais il s’agit maintenant de distinguer entre la doctrine des Apôtres et leur pouvoir. La discipline gouverne l’homme, la puissance le marque de son sceau. La puissance est quelque chose en dehors de lui ; l’Esprit, au contraire, est Dieu. Qu’enseignait donc l’Esprit ? « Vous éviterez toute communauté avec les œuvres de ténèbres. » Observe donc ce qu’il ordonne. Qui pouvait remettre les péchés ? Ce droit n’appartient encore qu’à lui seul. « Qui, en effet, remet les péchés, si ce n’est Dieu seul, » surtout les péchés mortels commis contre lui et contre son temple ? Car, quant aux péchés que les autres ont commis contre toi, il t’ordonne, dans la personne de Pierre, « de les pardonner septante fois sept fois. » Ainsi, en admettant même comme certain que les bienheureux Apôtres ont remis une prévarication dont le pardon est laissé à Dieu et non à l’homme, il serait constant qu’ils l’ont fait, non en vertu de la loi, mais en vertu de leur pouvoir. Les Apôtres ont ressuscité des morts, ce qui n’appartient qu’à Dieu ; ils ont guéri des malades, ce que personne n’avait fait ayant Jésus-Christ ; il y a plus, ils ont infligé des châtiments, ce que Jésus-Christ n’avait pas voulu faire. Celui qui n’était venu que pour souffrir n’a pas jugé à propos de sévir. « Ils frappèrent Ananias et Elymas. Ananias de mort, Elymas de cécité, » pour témoigner par là que Jésus-Christ aurait pu en faire autant. Ainsi encore les prophètes avaient pardonné anciennement aux larmes du repentir le meurtre et avec lui l’adultère, parce que les marques de sévérité qu’ils avaient déjà données le permettaient. Mais toi, ô homme apostolique ! montre-moi en ce moment tes exemples prophétiques,