Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/509

Cette page n’a pas encore été corrigée

injustement, de garder son ressentiment par de là le coucher du soleil, ou de s’emporter, ou de se laisser aller à la médisance, ou de jurer à la légère, ou de manquer à sa parole, ou de mentir tantôt pour s’excuser, tantôt par nécessité ? Dans les affaires, au milieu de nos devoirs, dans le commerce, à table, par la vue, par l’ouïe, que de tentations multipliées, tellement que, s’il n’y avait pas de pardon pour ces fautes, il n’y aurait de salut pour personne ! Voilà donc celles qui nous seront pardonnées par l’intercession de Jésus-Christ auprès de son Père. Mais il est des prévarications opposées à celles-ci, en tant que plus graves et mortelles, qui ne comportent pas de pardon, telles que l’homicide, l’idolâtrie, la fraude, l’apostasie, le blasphème, ajoutez-y l’adultère, la fornication, et toutes les autres profanations du temple de Dieu. Voilà les crimes pour lesquels Dieu n’intercède pas. « Voilà ceux que ne commettra jamais quiconque sera né de Dieu, » parce qu’il cesserait d’être le fils de Dieu, s’il les commettait. Par là s’expliquent naturellement les apparentes contradictions de Jean ; il ne fait qu’établir la distinction des péchés, en disant ici que les enfants de Dieu pèchent, là qu’ils ne pèchent pas. Il avait d’avance sous les yeux la maxime qui termine ses épîtres, et il y rapportait les passages qui précèdent, parce qu’en finissant, il devait dire plus clairement : « Si quelqu’un sait que son frère a commis un péché qui ne va point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à cet homme dont le péché ne va point à la mort. Mais il y a un péché qui va à la mort ; et ce n’est pas pour ce péché-là que je dis qu’il faut prier. » Il se rappelait, d’ailleurs, que Dieu avait défendu à Jérémie de prier pour le peuple, qui était tombé dans des prévarications mortelles. « Toute iniquité est péché ; mais il y a un péché qui va à la mort. Nous savons que, quiconque est né de Dieu, ne pèche point, » c’est-à-dire ne commet point le péché qui va à la mort. Que te reste-t-il donc, sinon à nier que l’adultère et la fornication ne vont point