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donc par conséquent on ne peut le commettre que jusque-là. Il ajoute en effet : « Quiconque demeure en lui, ne pèche point ; et quiconque pèche ne l’a point vu et ne le connaît point. Mes petits enfants, que personne ne vous séduise. Celui qui fait les œuvres de justice est juste comme Jésus-Christ est juste. Celui qui commet le péché est enfant du démon, parce que le démon pèche dès le commencement. Le Fils de Dieu n’est venu dans le monde que pour détruire les œuvres du démon. » Cela est vrai. En délivrant l’homme par le bain qui le régénère, il l’affranchit de sa servitude, et révoque la sentence de mort. « Voilà pourquoi quiconque est né de Dieu, ne commet point de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu. En cela, on reconnaît les enfants de Dieu et les enfants du démon. » A quel caractère se font-ils reconnaître, sinon que les uns ne pèchent plus depuis qu’ils sont nés de Dieu, et que les autres pèchent toujours, parce qu’ils appartiennent au démon, comme s’ils n’étaient jamais nés de Dieu ?

Que s’il dit : « Quiconque n’est pas juste, n’est point né de Dieu, » comment l’impudique appartiendra-t-il de nouveau à Dieu, puisqu’il a cessé d’être à lui ? Il faut donc soutenir nécessairement que Jean s’est contredit lui-même, lorsqu’après avoir déclaré dans sa première épître que nous ne sommes pas exempts de péché, il nous affirme maintenant que nous ne péchons pas ; d’une part, promettant le pardon, de l’autre, désavouant formellement pour enfants de Dieu tous ceux qui commettent le péché. Mais loin de nous cette pensée ! Nous-mêmes nous ne nous sommes pas écartés de la distinction que nous avons établie entre les péchés, et qui a été notre point de départ. Il y a mieux : Jean vient lui donner une nouvelle autorité en déclarant qu’il existe certaines fautes, comme échappées à la surprise de tous les jours, et auxquelles nous sommes exposés. A qui, en effet, n’arrive-t-il pas de se mettre en colère