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Sera-ce le même homme qui excusera l’impudicité et qui, parmi les titres de ses travaux, après ses angoisses et ses tribulations, après ses jeûnes et ses veilles, prêchera la chasteté ? Sera-ce le même qui admettra indifféremment à la communion tous les réprouvés, et qui écrira ces mots : « Quel lien peut-il y avoir entre la justice et l’iniquité ? quelle union entre les lumières et les ténèbres ? quel accord entre Jésus-Christ et Bélial ? quelle société entre le fidèle et l’infidèle ? quel rapport enfin entre le temple de Dieu et les idoles ? » Ne sera-t-il pas permis de lui répondre hardiment : Pourquoi établis-tu des différences entre des choses que tu as réunies par la réhabilitation de l’incestueux ? Dès que tu l’as réintégré dans le corps de l’Église, la justice est associée à l’iniquité, les ténèbres sont en communion avec la lumière, Bélial est d’accord avec Jésus-Christ, et l’infidèle participe aux mêmes sacrements que le fidèle. Qu’importent les idoles ? Le profanateur du temple de Dieu entre lui-même dans un temple de Dieu. N’est-ce pas Paul qui nous tient ce langage ! « Vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu dit lui-même : J’habiterai en eux et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. C’est pourquoi retirez-vous du milieu d’eux, et ne touchez point à ce qui est impur. » Est-ce bien toi, ô Apôtre, qui, après avoir tendu la main à ce gouffre d’impudicités, t’oublies toi-même jusqu’à ajouter : « Ayant donc reçu ces promesses, mes bien-aimés, purifions-nous de tout ce qui souille le corps et l’esprit, achevant l’œuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu ? »

Je te le demande, l’homme qui grave dans nos cœurs de telles paroles aurait-il rappelé dans l’Église un fornicateur ? N’écrit-il pas ces mots à dessein, comme pour te prouver aujourd’hui qu’il ne l’a point fait ? Si les passages qui précèdent l’établissent, ceux qui suivent devront le préjuger. Il écrit à la fin de son Epître : « De peur qu’ainsi Dieu ne m’humilie lorsque je serai retourné chez vous, et que je