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du milieu de vous celui qui a commis une action si honteuse ? » Pour qui ces larmes ? Pour un mort apparemment ? Devant qui devaient-elles couler ? devant le Seigneur sans doute ? Mais que signifieront ces mots : « Pour le faire retrancher du milieu de vous ? » Il ne s’agit pas ici de le chasser hors des murs de l’église : il n’était pas besoin de demander à Dieu une faculté qu’avait le préposé en vertu de son ministère. Ces paroles voulaient dire que cette chair, par la mort commune à tous et qui lui était propre, n’étant plus qu’un cadavre et une enveloppe impure, frappée d’une lèpre irrémédiable, devait être retranchée absolument de l’Église. Aussi l’Apôtre, afin de retrancher l’impie autant qu’il était en son pouvoir ici-bas, le frappa-t-il d’une sentence « qui le livrait à Satan pour la perdition de sa chair. » Une chair qui était abandonnée au démon devait donc être maudite, afin qu’elle fût déshéritée du sacrement de la bénédiction, comme ne devant jamais rentrer dans le camp de l’Église. Nous voyons ici la sévérité de l’Apôtre se produire sous deux aspects, contre un orgueilleux et contre un incestueux. Il s’arme contre l’un de la verge, contre l’autre de la sentence ; de la verge pour menacer, de la sentence pour exécuter ; l’une qui brille encore, l’autre qui frappe aussitôt ; l’une qui reproche, l’autre qui condamne. Il est certain que dès ce moment l’orgueilleux réprimandé trembla sous les menaces de la verge, et que l’incestueux condamné périt sous la réalité de son châtiment. Ils s’en allèrent tous deux, le premier corrigé par la frayeur, le second commençant déjà son supplice.

Dans la seconde lettre que le même Apôtre écrit aux Corinthiens, il est question de pardon. Eh bien, d’accord ! Mais à qui s’adresse ce pardon ? on l’ignore, parce que ni la personne, ni la prévarication ne sont nommées. Comparons la chose avec le sens. Si l’on m’oppose l’incestueux, l’orgueilleux se présentera également. La relation est suffisante, puisque l’orgueilleux est réprimandé et l’incestueux condamné. L’orgueilleux obtient sa grâce, mais après avoir été