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selon lé sens de la seconde Epître, et si l’un d’eux a pu recevoir son pardon dans cette même Epître. Or, remarquons-le bien ! toute cette première Epître a été écrite, non pas avec de l’encre, mais avec du fiel, hautaine, indignée, dédaigneuse, menaçante, haineuse, affectant pour ainsi dire le langage de toutes les passions dont les Corinthiens étaient les esclaves. Les schismes, les rivalités, les dissensions, l’orgueil, l’emportement, les disputes, demandaient à être gouvernés par la violence, accablés par la haine, réprimés par la correction, abaissés par l’orgueil, épouvantés par la rigueur. Ecoutez quel aiguillon cette humilité enfonçait dans leur cœur ! « Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispe et Caïus, afin que personne ne dise que vous avez été baptisés en mon nom. — Car je n’ai prétendu parmi vous savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. — Il semble que Dieu nous traite, nous autres Apôtres, comme les derniers des hommes, comme des criminels condamnés à mort, parce que nous sommes un spectacle au monde, aux anges et aux hommes. —Nous sommes devenus comme le rebut de tous, comme les balayures du monde. — Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas Apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ notre Seigneur ? » Avec quelle fierté au contraire a-t-il été forcé de dire : « Et moi je me mets fort peu en peine d’être jugé par vous, ou devant le tribunal de l’homme ; je ne me juge pas moi-même ! — Personne ne saura quelle est ma gloire. — Ne savez-vous pas que les saints doivent un jour juger le monde ? » Et maintenant, quelle liberté dans ces réprimandes qui attaquent de front ! Quels coups va porter ce glaive spirituel ! « Vous voilà rassasiés ; vous voilà devenus riches ; vous régnez. —Si quelqu’un se flatte de savoir quelque chose, il ne sait pas même encore de quelle manière il faut savoir. » Puis, ne dirait-on pas qu’il frappe son ennemi au visage ? « Qui est-ce qui met de la différence entre vous ? Qu’avez-vous que vous n’avez reçu ?