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de la loi. Mais non. Le Saint-Esprit n’a pas signé avec nous un pacte à la légère, d’autant plus digne de nos respects qu’il nous a prévenus volontairement. Il nous est impossible de rompre nos engagements avec lui, sans pécher par ingratitude. D’ailleurs, il ne voudra plus reprendre ce qu’il a cédé, ni céder ce qu’il a retenu. L’essence du Testament nouveau est immuable, et la proclamation du décret, ainsi que le dessein qui l’a inspiré, ne finiront qu’avec le monde. C’est avoir suffisamment refusé le pardon, que d’avoir formellement gardé le précepte : tout ce qu’il n’a point abandonné il l’a revendiqué. De là vient que les Églises ne rendent pas la paix à l’effusion du sang. Que les Apôtres se soient écartés du principe qu’ils avaient établi, il n’est pas permis de le croire, je l’imagine, ou, si quelques-unes peuvent le croire, qu’ils le prouvent.

XIII. Nous connaissons ici toutes leurs vaines conjectures. Ils soupçonnent en effet que l’Apôtre Paul, pardonnant, dans sa seconde Epître aux Corinthiens, a ce même fornicateur que dans la première il avait livré à Satan pour la ruine de sa chair, parce qu’il avait été l’impie héritier du mariage de son père, change ici de langage, lorsqu’il écrit : « Si l’un de vous m’a contristé, il ne m’a pas contristé seul ; mais je ne dis pas tout pour ne pas vous accabler. Il suffit actuellement à celui qui m’a affligé d’avoir reçu cette correction. Et vous devez plutôt le traiter maintenant avec indulgence et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une trop grande tristesse. C’est pourquoi je vous conjure de lui donner des témoignages de votre charité. Et je ne vous en parle qu’afin de vous éprouver et de reconnaître si vous êtes obéissants en toutes choses. Ce que vous lui accorderez, je le lui accorde aussi. Car si j’ai donné quelque chose, je l’ai donné à cause de vous, au nom de Jésus-Christ, afin que nous ne soyons pas surpris par Satan, dont nous n’ignorons pas les pensées. »