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Sans doute, les plus nobles prérogatives ont été accordées au Juif ; toutefois elles lui ont été enlevées à cause de son intempérance ; à plus forte raison, la terre des promesses paternelles. Cela est si vrai, que le Juif semblable au plus jeune des deux fils, et comme lui dissipateur des trésors divins, s’en va mendiant à travers les contrées étrangères, esclave aujourd’hui encore de ses maîtres, c’est-à-dire des princes de ce monde. Que les Chrétiens cherchent donc un autre frère ; la parabole ne peut s’appliquer au Juif.

Il y aurait eu plus de convenance à comparer le Chrétien au fils aîné et le Juif au plus jeune, par rapport à la foi, si l’ordre de ces deux peuples, déterminé dès le sein de Rébecca, permettait ce changement, que contredit d’ailleurs la conclusion de la parabole. Car il convient au Chrétien de se réjouir et non de s’attrister du rétablissement des Juifs, puisque notre espérance tout entière repose sur le même fondement que l’attente d’Israël. Ainsi, quoique certaines particularités aillent au but, il en est beaucoup d’autres qui, pour quiconque réfléchit mûrement, détruisent la parité de l’exemple. Quand même toutes les circonstances se rapporteraient l’une à l’autre avec l’exactitude d’un miroir qui rend une image, l’interprète devrait craindre encore que la justesse des comparaisons ne soit détournée du sens véritable que demandait la substance de chaque parabole. Ne savons-nous pas que les pantomimes, lorsqu’ils adaptent à des chants des gestes allégoriques, expriment des choses parfaitement liées entre elles, mais qui n’ont aucun rapport avec la fable, la scène et le personnage présents ? Mais qu’importe un art en dehors de l’art théâtral ? Il n’a rien de commun avec Andromaque. Ainsi, les hérétiques donnent à ces mêmes paraboles un sens conforme à leur caprice pour l’appliquer habilement là où ils ne devraient pas. Pourquoi habilement ? Parce que dès l’origine ils ont concerté les matières de leurs doctrines, pour qu’elles eussent à correspondre aux paraboles. Une fois