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voilà que vous mangez le lait et que vous vous couvrez de la laine des brebis ; celles qui étaient vigoureuses, vous les avez tuées ; celles qui étaient languissantes, vous ne les avez pas soignées ; celles qui étaient blessées, vous ne les avez pas pansées ; celles qui s’étaient égarées, vous ne les avez point ramenées ; celles qui étaient perdues, vous ne les avez point cherchées. » Tu l’entends ? Reproche-t-il aux pasteurs de n’avoir point songé à replacer dans le troupeau les brebis qui étaient mortes ? Non ; ce qu’il leur reproche ouvertement, c’est d’avoir immolé les brebis ; de les avoir laissé manger par les bêtes féroces de la plaine : elles ne peuvent ni périr réellement, ni être dévorées, quand on les abandonne, pour être reprises ensuite comme si elles n’étaient ni mortes ni dévorées.

Je veux bien que, d’après l’exemple de la dragme, il se rencontre dans la maison de Dieu, qui est l’Église, quelques péchés légers, comme l’indiquent le module et le poids de la dragme, péchés qui, s’y cachant un moment et découverts bientôt après, amènent sur-le-champ l’allégresse de la purification. Mais lorsqu’il s’agit de fornication et d’adultère, ce n’est plus la dragme, mais le talent qui les caractérisera. Pour se mettre à leur recherche, il faut non plus seulement les clartés d’une lampe, mais les rayons du soleil tout entier. Aussitôt qu’apparaît un criminel de cette nature, il est chassé de l’Église ; il n’a plus rien de commun avec elle. Loin de causer de la joie à celle qui le découvre, il la plonge dans le deuil ; loin de provoquer les félicitations des assemblées voisines, il excite la tristesse de ses proches et de ses frères. De notre interprétation ainsi confrontée avec la leur, il résulte donc que les paraboles de la brebis et de la dragme s’appliquent d’autant mieux au païen, qu’elles se rapportent moins au Chrétien, coupable du crime auquel la partie adverse les ploie malgré elles.

VIII. Il arrive à la plupart de ceux qui interprètent les