Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/469

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chrétien pécheur, après la perte de la foi, elles n’auraient pas oublié sa double perte et son rétablissement.

Maintenant, je me relâche quelque peu de ce que j’ai avancé, afin d’ajouter même par cette concession à l’autorité de ma proposition, lorsque j’aurai confondu ainsi l’orgueil du parti opposé. Je déclare avec vous désormais que ces deux paraboles figurent le Chrétien pécheur ; mais il ne s’ensuit pas qu’il puisse se relever par la pénitence du crime de son adultère et de sa fornication. Il est dit qu’il a péri, d’accord ; il s’agit d’examiner ici quel est ce genre de perte : la brebis a péri, non pas en mourant, mais en s’égarant ; la dragme a péri, non pas en expirant, mais en se cachant. Ainsi, d’une chose qui est saine et sauve, on peut dire qu’elle a péri. Le fidèle périt donc, quand il court aux spectacles insensés du cirque ; quand il se repaît du sang des gladiateurs ; quand il assiste aux turpitudes du théâtre et aux vanités de l’arène ; quand il se mêle aux jeux et aux banquets d’une solennité mondaine ; quand il prête son concours ou son ministère à une idolâtrie qui lui est étrangère ; quand il exerce la magie, quand il a prononcé quelques paroles blasphématoires ou d’une apostasie douteuse. Il s’est jeté hors du troupeau par une de ses prévarications, ou bien peut-être encore il a rompu avec l’Église par un mouvement de colère, d’orgueil, de jalousie, ou enfin, ce qui n’est que trop commun, en refusant de se soumettre au châtiment. Voilà le pécheur qui doit être recherché et rappelé. Ce qui peut être recouvré, ne le pourra jamais, s’il demeure toujours en dehors. Tu interpréteras heureusement la parabole en rappelant un pécheur qui vit encore. Mais l’adultère, mais le fornicateur, qui ne le tient pour mort aussitôt qu’il a commis le crime ? De quel front rétabliras-tu un mort dans le troupeau, sur l’autorité de cette parabole qui n’y rappelle pas une brebis morte ? Enfin, si tu te souviens des prophètes, alors qu’ils gourmandent les pasteurs, Ezéchiel, à moins que je ne me trompe, prononça ces paroles : « Pasteurs,