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ici des tragédies, les empoisonneurs et les magiciens savent combien de prostitutions je venge, combien de rivalités je protège, que de gardiens, que de délateurs, que de complices je fais disparaître. Les accoucheuses savent encore combien de conceptions adultères sont immolées. Jusque chez les Chrétiens, il n’y a point d’adultère sans nous. Où se trouvent les idolâtries, là se trouve l’œuvre de l’esprit du monde. Où l’homme est tué par la souillure, là aussi est l’homicide. Ainsi, point de milieu ; ou il est exclu de la grâce de la pénitence, ou bien elle nous est acquise à tous. Ou nous gardons avec nous l’adultère, ou nous l’accompagnons. »

Voilà ce que les choses crient d’elles-mêmes ; ou si la voix leur manque pour le proclamer, voilà debout devant toi l’idolâtrie et l’homicide ; au milieu d’eux se montre aussi l’adultère : tous trois se couvrent du sac de la pénitence ; ils souillent leur tête de cendre ; ils répandent les mêmes pleurs ; ils poussent les mêmes gémissements ; ils sollicitent avec les mêmes prières ; ils implorent avec les mêmes genoux ; ils invoquent la même mère. Que feras-tu, discipline molle et complaisante ? Ou tu devras montrer à tous une égale indulgence, « Bienheureux, en effet, les pacifiques, » ou bien, si tu établis des distinctions, il te faudra penser comme nous. Quoi ! après avoir condamné du même coup l’idolâtre et l’homicide, tu arraches à cette loi commune l’adultère, qui vient après l’idolâtre, qui marche devant l’homicide, collègue de l’un et de l’autre.—Il y a acception de personnes, me dit-on : vous dédaignez les pénitences qui savent compatir.

VI. — D’accord. Montre-moi sur le patronage de quels exemples ou de quels préceptes divins tu ouvres la porte de la pénitence à l’adultère lui seul, et dans sa personne à la fornication. L’attaque se renfermera désormais dans cette ligne de démarcation. Toutefois, il est nécessaire que j’en circonscrive ici la forme, de peur que tu ne tendes