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du châtiment ; par le supplice, au moyen de la damnation, Pour établir cette différence, nous avons déjà cité quelques passages, également plausibles, empruntés aux Ecritures, qui, d’une part, retiennent, de l’autre remettent les péchés. Mais Jean va nous instruire : « Si quelqu’un sait que son frère a commis un péché qui ne va point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à cet homme dont le péché ne va point à la mort. » Voilà le péché rémissible. « Mais il y a un péché qui va à la mort, et ce n’est pas pour ce péché là que je dis qu’il faut prier. » Voilà le péché irrémissible. Ainsi, là où se trouve la condition ou le motif de la demande, là se trouve aussi la condition ou le motif de la rémission. Où il n’y a ni condition, ni motif pour la demande, il n’y en a pas davantage pour la rémission. La condition de la pénitence se fonde aussi sur cette distinction des péchés. Il y aura une pénitence qui pourra obtenir le pardon, c’est-à-dire lorsque le péché est rémissible. Il y aura une autre pénitence qui ne pourra jamais l’obtenir, c’est-à-dire quand le péché est irrémissible. Il reste donc à examiner spécialement la nature de l’adultère et de la fornication, pour savoir dans quelle classe de péchés ils doivent être rangés.

III. Mais auparavant je résoudrai une difficulté que soulèvent nos adversaires, par rapport à cette seconde pénitence, qui, d’après ce que nous déclarons, n’a point de pardon à attendre. « S’il est, me dit-on, une pénitence qui n’ait point de pardon à attendre, tu n’as plus dès-lors à faire pénitence ; car il ne faut rien entreprendre d’inutile. Or, la pénitence deviendra inutile, si elle n’a point de pardon à espérer. Mais non ; il faut faire toute espèce de pénitence. Donc, toute espèce de pénitence obtiendra le pardon, afin qu’elle ne soit pas stérile, puisqu’il ne faudrait pas la faire, si elle devait être stérile. Elle sera vraiment stérile, si le pardon ne la couronne. »

Ils ont raison de nous opposer cette objection, puisqu’ils se sont emparés violemment du fruit de cette pénitence, c’