Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

le secours de son Père : « Sauvez-moi de la gueule du lion, » c’est-à-dire de la mort ; « détournez de ma faiblesse les cornes de l’oryx, » c’est-à-dire les extrémités de la croix, ainsi que nous l’avons exposé plus haut. Est-ce David qui fut attaché à un gibet ? Est-ce de quelque roi d’Israël ou de quelque prophète, que l’on perça les pieds et les mains ? Non ; point d’autre crucifié que celui qui fut crucifié par tout un peuple avec tant d’appareil !

Maintenant, si la dureté de votre cœur rejette ces explications et s’en moque, il me suffit, nous l’avons prouvé, que la mort de Jésus-Christ ait été prédite, pour que je sois en droit de conclure qu’elle s’est consommée par le supplice de la croix, quoique l’Ecriture ait gardé le silence sur le genre de mort, et que je ne puisse attribuer la mort de la croix qu’à celui dont la mort était annoncée. Je n’ai besoin que d’un mot d’Isaïe pour attester tout à la fois sa mort, sa passion et sa sépulture. « Il a été conduit à la mort par les crimes de mon peuple. — On lui réservait la sépulture de l’impie ; il a été enseveli dans le tombeau du riche, parce qu’il a ignoré l’iniquité, que le mensonge n’a jamais souillé ses lèvres, que le Seigneur a voulu délivrer son ame de la mort. » Il dit encore ailleurs : « Sa sépulture a été enlevée du milieu des hommes. » Point de sépulture sans mort ; point de sépulture enlevée du milieu-des hommes, sans résurrection. Enfin il ajoute aussitôt : « Voilà pourquoi je lui donnerai en partage un peuple nombreux ; il distribuera lui-même les dépouilles des forts. » De quel autre s’agit-il ? sinon de celui qui naquit, comme nous l’avons montré plus haut, « pour que son ame fut livrée à la mort. » Déclarer que celte grâce était le dédommagement de ses outrages et de sa mort, c’était déclarer en même temps qu’il arriverait à cette gloire par sa mort, c’est-à-dire après sa mort par sa résurrection.

Les ténèbres couvrirent la terre en plein midi le jour de sa mort. Le prophète Amos n’a pas oublié cette circonstance : «