Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/448

Cette page n’a pas encore été corrigée

du premier[1]. Mais la dureté du cœur céda plus volontiers au Christ que l’infirmité de la chair. Celle-ci revendique Paul plus que celle-là Moïse, si toutefois c’est le revendiquer que de l’adopter quand il accorde, que de le répudier quand il ordonne, elle qui cherche à échapper à ce qu’il préfère et à sa volonté de tous les instants ; elle qui ne nous permet pas de nous conformer à ce que l’Apôtre aime le mieux. Jusques à quand donc cette impudente infirmité de la chair continuera-t-elle de lutter contre les disciplines les plus glorieuses ? Son empire a duré jusqu’à l’avènement du Paraclet, époque à laquelle le Seigneur avait ajourné l’accomplissement des choses que l’on ne pouvait porter alors, mais que personne aujourd’hui ne peut plus repousser, parce que celui par lequel il est donné de les porter ne manque plus. Combien de temps encore alléguerons-nous le prétexte de la chair, parce que le Seigneur a dit : « La chair est faible ? » N’a-t-il pas déclaré auparavant « que l’Esprit est prompt, » afin que l’Esprit triomphe de la chair, et que la faiblesse cède à la force ? En effet, « que celui qui peut comprendre comprenne, » dit-il ; en d’autres termes, que celui qui se sent trop faible, se retire. Il se retira aussi ce riche, qui, pour n’avoir pas embrassé le précepte de partager ses biens avec l’indigent, fut abandonné par le Seigneur au libre arbitre de sa volonté. Il est impossible de rejeter ici sur la dureté de Jésus-Christ ce qui ne provient que de la dépravation de notre libre arbitre. « Voilà, dit le Seigneur, que j’ai placé devant toi le bien et le mal ; choisis ce qui est bien. » Si tu ne peux pas obéir, parce que tu ne le veux pas, car il montre que tu le peux, si tu le veux, puisqu’il a proposé l’un et l’autre à ton choix, éloigne-

  1. L’Omniloquium de Moreau donne un autre sens à ce membre de phrase. Il veut que Montan ait supprimé non-seulement le second mariage, mais le premier. Nous n’avons pas été de cet avis, d’autant plus que Tertullien va démentir ce sens dans le chapitre qui suit, où il expose la doctrine des Montanistes.