Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée

est-il pas plus raisonnable de dire que ce passage unique a quelque motif en harmonie avec l’ensemble, que de s’imaginer que l’Apôtre ait pu enseigner une doctrine si contradictoire ? Ce but, nous pourrons le découvrir dans la circonstance elle-même. A quelle occasion l’Apôtre écrivait-il ce passage ? Il s’adressait à une Église novice encore, ou, pour mieux dire, qui ne faisait que de naître, et qu’il nourrissait de lait, parce qu’elle ne pouvait supporter un aliment plus vigoureux. Cela est si vrai que, grâce à leur enfance dans la foi, ils ignoraient encore quelle règle ils devaient suivre dans les nécessités de la chair et du sexe. Nous pouvons nous en convaincre par la réponse qu’il leur donne : « Quant aux choses que vous m’avez écrites, je vous dirai qu’il est avantageux à l’homme de ne s’approcher d’aucune femme ; mais, pour éviter la fornication, que chaque homme vive avec sa femme. »

Il nous montre par là qu’il s’en trouvait qui, surpris dans le mariage par la foi chrétienne, craignaient qu’il ne leur fût plus permis désormais d’user de leur mariage, depuis qu’ils avaient cru en la chair sans tache de Jésus-Christ. Au reste, « ce qu’il leur dit, c’est par condescendance, et non par commandement ; » c’est-à-dire qu’il donne un conseil et non un ordre, car « il aurait voulu que tous fussent dans l’état ou il était lui-même. »

Lorsqu’il répond sur l’article du divorce, il nous montre que telle était l’opinion de quelques-uns, surtout de ceux qui, après avoir embrassé la foi, ne croyaient pas devoir continuer de vivre dans des mariages païens. Ils le consultaient encore sur la virginité. Ici l’Apôtre n’avait point reçu de commandement du Seigneur. « Il est bon à l’homme’, répondait-il, de persévérer dans cet état, » c’est-à-dire dans l’état où la foi l’aura trouvé. « Etes-vous lié avec une femme ? ne cherchez point à vous délier. N’avez-vous point de femme ? ne cherchez point a’vous marier. Au reste, si vous épousez une femme, vous ne péchez