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l’un et l’autre, j’imagine. Si tu es sage, ne prononce pas le nom de ton époux : que ton silence, écrit dans un contrat étranger, lui serve d’acte de répudiation. Tu mériteras mieux les attentions de ton nouveau mari en oubliant l’ancien. Tu dois n’en plaire que davantage à celui pour lequel tu n’as pas voulu plaire à Dieu. Voilà ce quel’Apôtre approuva, ou ce qu’il avait complètement oublié, selon les Psychiques, lorsqu’il écrivait : « La femme est liée à la loi du mariage tant que son mari est vivant ; mais si son mari meurt, elle est libre, qu’elle se marie. à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur. ». En effet, ils s’appuient sur ce passage pour justifier le second mariage, et même tous ceux qui pourraient suivre le second ; car tout ce qui dépasse l’unité peut se répéter indéfiniment.

Mais dans quel sens l’Apôtre a-t-il écrit ces mots ? Cela deviendra clair, aussitôt qu’il sera prouvé qu’il ne les a point écrits dans le sens dont abusent les Psychiques. Or, les doutes seront dissipés, si l’on réfléchit à tout ce qui est ici en désaccord dans la doctrine, dans la volonté et dans la discipline personnelle de Paul lui-même. Si, en effet, il permet les secondes noces, qui n’existèrent pas dès le commencement, comment affirme-t-il que « toutes choses sont rappelées à l’état originaire dans Jésus-Christ ? » S’il veut que nous réitérions les mariages, comment nous fait-il descendre d’Isaac qui n’a été marié qu’une fois ? Comment établit-il tous les degrés de l’Église sur la monogamie, si cette discipline ne commence pas par les laïques dont s’enrichissent les rangs de l’Église ? Comment détourne-t-il des fruits du mariage ceux qui sont encore engagés dans le mariage, en les avertissant « que le temps est court, » s’il rappelle dans les liens du mariage ceux dont le mariage est brisé par la mort ? Si toutes ces propositions se combattent dans le chapitre dont il s’agit, il sera constaté, comme nous l’avons dit, que l’Apôtre n’a point écrit dans le sens dont abusent les Psychiques. N’