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du mariage ; ensuite, « parce que l’homme ne doit pas séparer ceux que Dieu a unis, » c’est-à-dire pour ne pas se révolter contre le Seigneur. A celui-là seul de séparer qui a uni. Or, il séparera, non par la dureté de la répudiation, qu’il reproche et supprime, mais par la dette de la mort. En effet, « de deux passereaux, l’un ou l’autre ne tombe pas à terre sans la volonté du Père céleste. » Si donc ce l’homme ne doit point séparer par le divorce ceux que Dieu a unis, » il s’ensuit également « que l’homme ne devra point unir par le mariage ceux que Dieu a séparés par la mort, » aussi rebelle à la volonté de Dieu, dans l’acte qui unirait ce qui est séparé, que dans l’acte qui séparerait ce qui est uni. En voilà suffisamment sur le respect pour la volonté de Dieu, et le rétablissement de la loi primitive.

Mais une autre raison conspire à ce dessein ; je me trompe, non pas une autre raison, mais la même qui a établi la loi primitive et détermine aujourd’hui la volonté du Seigneur à interdire le divorce. La voici : « Quiconque renvoie sa femme, dit-il, si ce n’est pour cause de fornication, et en épouse une autre, est adultère ; et celui qui épouse la femme renvoyée est adultère. »

La femme répudiée peut-elle se marier légitimement, me dira-t-on ? Et si elle vient à pécher en dehors du mariage, a-t-elle mérité la flétrissure de l’adultère, puisque l’adultère est le crime dans le mariage ?

— Dieu, qui juge autrement que les hommes, a déclaré que pour elle tout commerce de ce genre, qu’il ait lieu par les noces ou par la prostitution, est un véritable adultère. Examinons en effet ce qu’est le mariage devant Dieu, et nous reconnaîtrons également ce qu’est l’adultère. Il y a mariage, lorsque Dieu unit deux époux dans une seule chair, ou lorsque les trouvant unis dans une même chair, il a scellé leur union. Il y a adultère, lorsque les deux époux étant séparés pour une raison ou pour une autre, il vient se mêler une autre chair ; c’est trop peu, une chair étrangère, dont