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l’incirconcision, te voilà enchaîne à la monogamie. Il est si vrai que tu es le fils d’Abraham, monogame et incirconcis, que si tu te circoncis, tu cesseras dès lors d’être son fils, parce que tu ne le seras plus en vertu de la foi, mais en vertu du signe de la foi qui a été justifiée dans l’intégrité de la chair. Tu as l’Apôtre ; instruis-toi avec les Galates.

Conséquemment, tu as beau te permettre la digainie, tu n’es pas le fils de cet Abraham dont la foi se manifesta lorsqu’il appartenait encore à la monogamie. Quoique dans la suite il soit appelé le père de nations nombreuses, il ne l’est que de celles qui devaient être réputées enfants d’Abraham, en vertu de la foi qui avait précédé sa digamie.

Mais pourquoi tous ces détails ? Autres sont les figures, autres les réalités. Autres sont les images, autres les préceptes. Les images passent une fois accomplies ; les préceptes demeurent toujours pour avoir leur accomplissement. Les images prophétisent, les préceptes gouvernent. Que présageait la double union d’Abraham ? Nous l’apprenons de la bouche de l’Apôtre, qui l’explique comme la figure des deux alliances, de même qu’il rattache à Isaac l’origine de notre peuple. Si tu es né de la femme libre, si tu appartiens à Isaac, il est certain que ce patriarche ne porta le joug que d’un seul mariage. Voilà mes pères, si je ne me trompe. Quant aux autres, je ne les connais pas. Si tu eh cherches autour de toi des exemples, tu rencontres un David qui réitère les noces jusqu’à travers le sang, et un Salomon riche en épouses. Mais veux-tu des modèles préférables ? tu as Joseph, qui ne connaît qu’un seul mariage, et à ce titre, j’ose le dire, meilleur qu’un père ; tu as Moïse, qui vit Dieu tace à face ; tu as Aaron, le grand pontife. Le second Moïse du second peuple, qui introduisit notre image dans les promesses de Dieu, et dans lequel fut consacré pour la première fois le nom du Seigneur, ne contracta point non plus un double mariage.