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force de le regarder comme un bien. Il vaut mieux perdre un œil que deux. Toutefois, si tu cesses de comparer ces deux maux l’un avec l’autre, n’avoir qu’un œil ne sera pas meilleur, parce que ce ne sera pas. même un bien. Mais que penser maintenant si c’est de sa propre autorité, c’est-à-dire d’après l’opinion de l’homme, que l’apôtre permet le mariage par condescendance, et à cause de la nécessité que nous signalions tout à l’heure, « parce qu’il vaut mieux se marier que de brûler ? » Car, lorsque passant à un autre ordre d’idées, il dit : « Pour ceux qui sont dans le mariage, ce n’est pas moi, mais le Seigneur qui leur fait ce commandement, » il montre par là que ce qu’il avait dit plus haut, au lieu d’avoir pour soi l’autorité du Seigneur, n’est qu’une conjecture de l’homme. Au contraire, reporte-t-il les esprits vers la continence : « Je veux, dit-il, que vous soyez tous en l’étal où je suis moi-même. Or, je crois que j’ai aussi l’Esprit de Dieu ; » afin de révêquer par l’autorité de l’Esprit saint ce qu’il avait accordé à la nécessité.

Jean d’ailleurs, en nous avertissant de marcher dans les voies où a marché le Seigneur, nous a également avertis de marcher dans la sainteté de la chair ; il n’en faut point douter : « Quiconque, dit-il, a cette espérance en lui, se sanctifie comme il est saint lui-même. » Car il est dit ailleurs : « Soyez purs comme il a été pur lui-même, » c’est-à-dire du côté de la chair. En effet, il n’aurait point parlé ainsi de l’Esprit, parce que l’Esprit saint se reconnaît de soi-même, sans avoir besoin qu’on lui rappelle la sainteté, qui esl le fond de sa nature. Mais c’est à la chair qu’il faut enseigner la sainteté, parce qu’elle a été sanctifiée dans le Christ. Si donc la faculté de se marier se trouve infirmée, soit par l’examen des conditions dans lesquelles elle est accordée, soit par la déclaration que la continence lui est préférable, pourquoi ce même « Esprit qui vient enseigner toute discipline et toute vérité, » n’aurait-il pas pu après les Apôtres et avec le progrès des temps, suivant