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qui ne sont point mariés s’occupent des choses de Dieu, tandis que ceux qui le sont cherchent comment ils plairont chacun dans leur mariage.

Et ici, je puis le déclarer, ce que l’or permet n’est pas un bien véritable. Car le bien véritable, au lieu de se permettre, est un droit acquis. La permission repose sur quelque motif, parfois sur celui de la nécessité. Enfin ; celui qui permet le mariage dans celle circonstance, le permet contre sa volonté ; car il veut tout autre chose. « Je veux, dit-il, qu’ils demeurent dans cet état comme j’y demeure moi-même. » Et lorsqu’il prouve que la continence est meilleure, que veut-il donc, sinon ce qu’il a déclaré préférable tout à l’heure ? Conséquemment, s’il permet tout autre chose que ce qu’il veut, en le permettant non par volonté, mais par nécessité, il montre qu’une condescendance qui lui est arrachée malgré lui n’est pas un bien véritable. En un mot, quand il dit encore : « Il vaut mieux se marier que de brûler ; » singulier bien en vérité, qu’un bien meilleur qu’un châtiment, et qui ne peut paraître meilleur que par comparaison avec quelque chose de très-mauvais. J’appelle bien ce qui mérite ce nom par soi-même, sans comparaison, je ne dis point avec le mal, mais avec un autre bien ; de sorte que si dans sa comparaison avec un autre bien il s’éclipse un peu, il garde néanmoins son nom de bien. D’ailleurs, si ce n’est que par comparaison avec le rnal que tu le nommes un bien, dès lors c’est moins un bien qu’une espèce de mal inférieur qui, surpassé par un mal plus considérable, entre malgré lui dans la classe du bien. Retranche la condition, et ne dis plus : « Il vaut mieux se marier que de brûler ; » je te le demande, oseras-tu dire encore : « Il vaut mieux se marier, » sans ajouter pourquoi il est meilleur de se marier ? Le mariage cesse alors d’être quelque chose de meilleur, et en cessant d’être quelque chose de meilleur, il ne reste pas même un bien, dès que l’on retranche la condition qui, en le rendant quelque chose de meilleur, nous