Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

De la monogamie[1]

I. Les hérétiques suppriment les noces ; les Psychiques les multiplient. Les premiers ne se marient pas même une fois ; les seconds se marient plusieurs fois. Que deviens-tu, ô loi du Créateur ? Entre les eunuques du dehors et tes voluptueux serviteurs, tu gémis autant de la soumission des tiens que du mépris des étrangers ; conséquernment même offense de la part de ceux qui abusent et de ceux qui n’usent pas. Mais la continence de cette nature n’est pas louable, parce qu’elle est hérétique ; l’usage est illégitime, parce qu’il est psychique. Ici, blasphème ; là, luxure : d’un côté destruction, de l’autre déshonneur pour le Dieu qui institua le mariage. Chez nous, au contraire, qui justifions notre nom de spirituels par la connaissance des dons spirituels, la continence est aussi religieuse que l’usage est pudique, puisque l’un et l’autre sont avec le Créateur. La continence rend gloire à la loi du mariage, l’usage la tempère. La première n’est point contrainte, le second est. soumis à des règles. L’une est le choix de la volonté, l’autre a des mesures. Nous ne connaissons qu’un seul mariage, de même qu’un seul Dieu. La loi des noces est plus honorable là où elle a sa pudeur. Mais, comme les Psychiques ne reçoivent pas l’Esprit, les choses de l’Esprit ne

  1. Nom grec qui signifie mariage unique.