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l’ancien Testament a été enseveli dans le Christ au profit du nouveau. « Si une nouvelle création s’est opérée en Jésus-Christ, » les cérémonies et les prescriptions doivent être nouvelles aussi ; ou bien, si l’Apôtre a retranché absolument la dévotion des temps, des jours, des mois et des années, pourquoi célébrons-nous la Pâque annuellement au premier mois ? Pourquoi passons-nous dans l’allégresse les cinquante jours qui suivent ? Pourquoi consacrons-nous le quatrième et le sixième jour par des stations, et la veille des fêtes par des jeûnes ? Vous, si vous gardez quelque chose du sabbat, ce n’est que pour jeûner la veille de Pâque, selon la raison exposée ailleurs. Chez nous, au contraire, tous les jours, même ordinaires, sont célébrés par quelque consécration. Qu’on ne nous dise donc plus que l’Apôtre a prétendu distinguer entre ce qui est nouveau et ce qui est ancien. Mais ici, comment ne pas rire de vos contradictions ? Vous nous reprochez de suivre les coutumes anciennes, là où vous criez à la nouveauté !

XV. L’Apôtre réprouve encore, direz-vous, ceux qui interdisaient certains aliments. — Sans doute ; mais il était éclairé par l’Esprit saint. Il condamnait ainsi d’avance les hérétiques qui devaient prescrire une abstinence perpétuelle, par haine et par mépris pour les œuvres du Créateur. On les trouve chez un Marcion, chez un Tatien, chez un Jupiter-Valentin[1], hier disciple de Pythagore, hérétique aujourd’hui ; mais on ne les rencontre point du côté du Paraclet. En effet, c’est pendant un court intervalle de temps que nous nous interdisons les viandes. Nous n’avons dans tout le cours d’une année que deux semaines de xérophagie, encore ne sont-elles pas entières, puisque nous en exceptons le jour du sabbat et celui du Seigneur, offrant à

  1. Tertullien, suivant le commentateur, lance ce trait contre Valentin, qui changea autant de fois de doctrines religieuses que Jupiter subit de honteuses métamorphoses.