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dehors du Paraclet, qui confirme toutes ces observances et qui est le maître de la vérité universelle, existe-t-il chez vous, je le demande, quelque motif plus raisonnable de jeûner jusqu’à la neuvième heure, et que l’on puisse attribuer à Pierre lui-même, s’il est vrai qu’il ait prolongé sa station jusqu’à celle heure ? Cette coutume a, en effet, son origine dans la mort de notre Seigneur, à laquelle nous devons toujours songer sans aucune distinction de temps, mais plus particulièrement néanmoins lorsque nous sommes sous le drapeau, conformément à ce terme lui-même de station. Les soldats qui ne perdent jamais de vue leur serment, ne sont-ils pas plus fidèles à leur poste ? Il faut donc célébrer jusqu’à cette heure la commémoration de ce grand événement où l’univers, en se couvrant de ténèbres « à la sixième heure, » prit le deuil du Seigneur qui venait d’expirer, pour revenir ensuite, nous aussi, à la joie, puisque le monde a recouvré sa lumière. S’il est vrai que plus on célèbre la gloire du Christ, plus on entre dans l’essence de la religion chrétienne, je puis Egalement expliquer par le même ordre de faits nos jeûnes prolongés jusqu’au soir. Nous en usons ainsi, comme pour attendre le temps de la sépulture de notre Seigneur, lorsque Joseph, après avoir obtenu son corps, l’emporta et l’ensevelit.

Ensuite n’est-ce pas une profanation que de soigner la chair du disciple avant celle du maître[1] ? Mais je n’allègue ce motif qu’entraîné par vos provocations, pour repousser des conjectures par des conjectures, mais un,peu plus solides, si je ne me trompe.

Voyons maintenant si l’antiquité peut nous fournir, quelque témoignage semblable. Quand Moïse demeure les bras étendus en croix jusqu’au coucher du soleil, et combat par la prière contre Amalec, n’est-ce point là une station prolongée jusqu’au soir ? Croyons-nous que Jésus, fils de Navé,

  1. Allusion aux soins de Joseph d’Arimathie, qui embauma le corps de notre Seigneur.