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qui désigne je ne sais quel devoir chimérique, ou plutôt quelque superstition voisine des superstitions païennes, comme qui dirait les abstinences et les purifications par lesquelles on célèbre les fêtes d’Apis, d’Isis et de Cybèle, mère des dieux, tandis que la foi chrétienne, affranchie par Jésus-Christ, ne doit pas même s’interdire quelques aliments, comme le prescrivait la loi mosaïque, puisque l’Apôtre a permis de manger indistinctement de toutes les viandes que l’on vend, en détestant « tous ceux qui interdisent le mariage et l’usage des viandes que Dieu a créées. » Voilà pourquoi le même Apôtre nous désignait d’avance, quand il parlait « de ces hommes qui abandonneront la foi, en suivant des esprits d’erreur et des doctrines de démons, et de ces imposteurs pleins d’hypocrisie qui auront la conscience cautérisée. » Cautérisée par quels feux, s’il vous plait ? Par les feux que nous allumons sans doute pour les noces ou les banquets que nous célébrons tous les jours. Ainsi encore nous sommes frappés, disent-ils, par les mêmes traits que ces Galates « qui observaient les jours, les mois et les années. » Ils nous opposent également ces paroles d’Isaïe : « Tel n’est pas le jeûne que le Seigneur a choisi, » c’est-à-dire, non pas l’abstinence des aliments, mais les œuvres de justice qu’il énumère. On veut enfin que le Seigneur, dans son Evangile, ait répondu en quelques mots à ces scrupules au sujet des aliments : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui en sort. » D’ailleurs, ne mangeait-il pas ? ne buvait-il pas lui-même jusqu’à faire dire : « C’est un homme insatiable et adonné au vin ? » C’est encore dans ce sens que l’Apôtre disait : « Le manger n’est pas ce qui nous rend agréables à Dieu ; car, si nous mangeons, nous n’aurons rien de plus devant lui, ni rien de moins, si nous ne mangeons pas. »

Voilà sur quelle autorité ils s’appuient pour encourager adroitement tous ceux qui se laissent aller aux convoitises du