Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/388

Cette page n’a pas encore été corrigée

la question de la continence, la discipline spirituelle qui lui est opposée en substance, c’est-à-dire qu’elle donne pour frein à la gourmandise les jeûnes, les abstinences, la sobriété, de même que pour limites à la volupté un mariage unique. Il me répugne de me mesurer avec de pareils hommes, et j’ai honte de discuter une matière dont la défense n’est pas même honnête. En effet, comment me sera-t-il possible de venger la chasteté et la sobriété, sans parler de mes adversaires ? Quels sont les griefs intérieurs ou extérieurs des Psychiques ? Je le dirai une fois pour toutes. Ils sont en opposition avec le Paraclet ; voilà pourquoi ils rejettent les prophéties nouvelles, non point que Montan, Priscilla et Maximilla prêchent un autre Dieu, non pas qu’ils anéantissent Jésus-Christ, ou qu’ils renversent quelque règle de la foi ou de l’espérance, mais parce qu’ils enseignent qu’il faut jeûner plus souvent que l’on ne se marie. Quant aux limites que doit recevoir le mariage, nous avons déjà publié la défense de la monogamie. Il s’agit aujourd’hui défaire prévaloir la sobriété, dans un second, ou pour mieux dire dans un premier combat en faveur de la continence.

Nos adversaires nous reprochent d’observer des jeûnes qui nous sont propres ; de prolonger quelquefois jusqu’au soir nos stations[1], de nous livrer à des abstinences particulières, de nous interdire les viandes, les assaisonnements, les fruits dont les sucs sont vineux, afin de ne jamais goûter à du vin sous quelque forme que ce soit ; et enfin de renoncer au bain, conformément à la sévérité de ce régime. Ils nous objectent la nouveauté, pour déclarer ces prescriptions illégales. Ou il faut les tenir pour hérétiques, disent-ils, si c’est là une invention humaine, ou il faut les regarder comme de fausses prophéties, si ce sont des

  1. Les Montanistes désignaient par ce mot les jeûnes prolongés jusqu’au soir. Ils les appelaient ainsi comme pour indiquer qu’ils étaient sous les armes et veillaient à la manière des soldats, Statio à stando.