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au troisième, au quatrième degré, et peut-être davantage, parce que tu n’as pas su t’arrêter dans le second ? Car celui qui a réprouvé les secondes noces, n’a pas jugé à propos d’en défendre un nombre illimité. Marions-nous donc tous les jours, jusqu’à ce que nous soyons surpris, comme Sodome et Gomorrhe, par ce dernier jour, jour redoutable où s’accomplira cet anathème : « Malheur aux femmes enceintes, » c’est-à-dire, malheur aux maris et aux incontinents ; car la grossesse, l’allaitement et les enfants sont les fruits du mariage.

X. Et quand cesseras-tu de le marier ? Quand tu auras cessé de vivre, apparemment ? Renonçons aux œuvres charnelles pour porter enfin des œuvres spirituelles. Saisis l’occasion, que tu n’as pas désirée peut-être, mais enfin qui arrive fort à propos, d’être libre de toute obligation terrestre. Tu as cessé d’être débiteur. O combien tu es heureux ! Tu as congédié ton débiteur ; supporte ta perte ; à plus forte raison si ce que j’appelle la perte est un gain pour toi. Par la continence, tu es à même Je grossir maintenant le trésor de la sainteté : en restreignant la chair, tu acquerras l’esprit. Descendons au fond de notre conscience. N’est-il pas vrai que l’époux, séparé de sa femme par la mort, se sent un homme nouveau ? Il se rapproché de la nature spirituelle. Adresse-t-il sa prière au Seigneur ? il est plus près du ciel. Médite-t-il les Ecritures ? il est tout entier à ses réflexions. Chante-t-il un psaume ? il est inondé de bonheur. Chasse-t-il le démon ? il a confiance en lui-même. Voilà pourquoi l’Apôtre nous recommande les ablutions temporaires, comme donnant plus de mérite à la prière, voulant nous apprendre par là qu’il faut toujours pratiquer ce qui sert dans un temps, afin que cela nous serve toujours. Chaque jour, à tout moment, la prière est nécessaire à l’homme, par conséquent aussi la continence, après laquelle l’oraison est nécessaire. La prière part de la conscience. Si la conscience a honte d’elle-même, la prière est aussi honteuse et timide. C’est l’esprit qui porte