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se prend. Qu’est-ce donc que l’on permet ? Ce dont la bonté est douteuse, ce qu’on pourrait ne pas permettre sans quelque cause première qui justifie la condescendance. C’est pour prévenir l’incontinence que le second mariage est permis, parce que si le choix de quelque chose qui n’est pas bon n’était pas laissé aux fidèles, il ne resterait plus aucun moyen de discerner où est celui qui obéit à Dieu et celui qui obéit à ses penchants ; qui de nous cherche l’utilité ou court après son plaisir. La permission est le plus souvent la pierre de touche de la fidélité, parce que la fidélité à la loi s’éprouve par la tentation, et que la tentalion opère par la permission. De là vient « que tout est. permis, mais que tout n’est pas expédient, » puisque celui qui est libre est tenté, et que son jugement se prononce ; pendant qu’il est tenté. Les Apôtres avaient aussi la permission de se marier et de conduire avec eux leurs épouses ; il leur était permis encore de vivre de l’Evangile : mais celui qui ne voulut pas profiter du bénéfice de celle permission nous engage à marcher sur ses traces, en nous apprenant que celle liberté n’est qu’une épreuve dans laquelle la condescendance est tournée au profit de la continence.

IX. Si nous entrons sérieusement dans le sens de ces paroles, il faudra ne voir dans un second mariage qu’une fornication déguisée. En effet, quand il dit : « Les époux sont occupés à chercher les moyens de se plaire mutuellement, » cette remarque ne porte pas sur la pureté des mœurs (car il ne censurerait pas une sollicitude bonne en soi) : il désigne seulement les parures, les ornements, les soins donnés à la beauté, et tout ce qui peut irriter la convoitise. Or, le désir de plaire par la beauté et la parure extérieure, est l’essence même de la concupiscence charnelle qui est elle-même cause de la fornication. N’ai-je pas raison d’affirmer que le second mariage est voisin de la fornication, puisque je trouve en lui ce qui constitue la fornication ? Le Seigneur lui-même a dit : « Quiconque regarde