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des personnes, et que ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi qui sont justifiés, mais ceux qui la pratiquent, » suivant la déclaration de l’Apôtre. Si donc tu possèdes en toi-même le droit du sacerdoce que tu peux exercer au besoin, tu dois t’assujettir aussi à la loi du sacerdoce partout où besoin est d’exercer le droit du sacerdoce. Tu oses offrir le sacrifice et baptiser, après avoir épousé deux femmes ? Ne sera-ce pas un crime beaucoup plus grand dans un laïque qui a épousé deux femmes de remplir ainsi des fonctions sacerdotales, quand le prêtre qui a été deux fois marié est dépouillé du sacerdoce ?

— Mais, diras-tu, la nécessité porte avec soi son excuse.

Il n’y a pas d’excuse pour la nécessité qui peut ne pas être. N’épouse pas deux femmes, et tu ne t’exposes pas à la nécessité d’administrer ce qui n’est pas permis à l’homme marié deux fois. Dieu veut que nous soyons disposés de manière à pouvoir en tout temps approcher de ses sacrements. « Il n’y a qu’un Dieu, qu’une foi, » et qu’une loi conséquemment. Si les laïques, du milieu desquels on choisit les prêtres, n’observent pas les conditions aux-quelles est soumis le sacerdoce, comment pourra-t-on choisir des prêtres parmi les laïques ! Nous devons donc prévenir le laïque et empêcher qu’il ne se marie deux fois, puisque l’on ne peut élever un laïque au sacerdoce que dans le cas où il n’a pas contracté deux mariages.

VIII. Eh bien ! que l’on se marie deux fois, si tout ce qui est permis est bon. Le même Apôtre s’écrie : « Tout. est permis, mais tout n’est pas expédient. » Je te le demande, ce qui n’est pas utile, peut-on l’appeler bon ? Si des choses qui ne profitent pas au salut sont permises, il s’ensuit que des choses qui ne sont pas bonnes sont permises également. Or, que dois-tu préférer de ce qui est bon parce qu’il est permis, ou de ce qui est bon en soi parce qu’il est utile ? De la liberté à l’utilité il y a loin, si je ne me trompe. On ne dit pas de ce qui est bon, cela est permis, parce qu’un bien n’attend pas qu’on le permette ; il