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l’origine du genre humain et le sacrement du Christ, limite les mariages à un seul. La monogamie a inauguré notre naissance charnelle dans Adam, notre naissance spirituelle dans le Christ. Nés deux fois, nous trouvons de part et d’autre un mariage unique. Sortir de la monogamie, c’est dégénérer des deux côtés. Les mariages répétés commencèrent par le premier homme maudit. Ce fut Lamech qui, en épousant deux femmes, établit trois êtres dans une même chair.

VI. Mais les bienheureux patriarches, répliques-tu, non-seulement s’unirent à plusieurs femmes, mais encore à des concubines. — Nous sera-t-il permis, pour cette raison, de nous marier plusieurs fois ? Oui, sans doute, si ces mariages sont destinés à figurer les types qui survivent, symboles de quelque mystérieux avenir ; ou bien si nous sommes encore sous l’empire de cette parole : « Croissez et multipliez, » c’est-à-dire si une nouvelle révélation ne nous a pas dit : « Le temps est court : ainsi il faut que même ceux qui ont des femmes, soient comme n’en ayant point. » Par conséquent, en prescrivant la continence, et en niellant un frein au mariage, pépinière du monde, elle a abrogé la loi qui disait : « Croissez et multipliez. » Si je ne me trompe, les deux paroles et.les deux dispositions émanent d’un seul et même Dieu, qui, voulant répandre dans l’origine la semence du genre, humain, lâcha les rênes à l’avidité des mariages, jusqu’à ce que le monde fût rempli, et qu’il y eût abondante matière pour une nouvelle discipline, mais qui, vers la fin des temps, comprima ce qu’il avait relâché, révoqua ce qu’il avait permis, toujours infiniment sage, soit qu’il encourage au début, soit qu’il restreigne à la fin. Les commencements sont toujours les plus libres. Voilà pourquoi l’on plante une forêt et on la laisse croître, pour l’abattre en son temps. La forêt, ce sera la loi ancienne qui esl coupée par l’Evangile nouveau, dont la hache « va chercher jusqu’à la racine. » De même, « Oeil pour œil, dent pour