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pour reprendre sa dignité d’apôtre. Les apôtres, en effet, possèdent plus particulièrement l’Esprit saint, qui se manifeste en eux par les œuvres de la prophétie, l’efficacité des vertus, et la connaissance des langues, tandis que les autres fidèles ne l’ont que dans un degré inférieur. Il n’a donc fait intervenir l’autorité de l’Esprit saint que dans l’espèce où il préfère nous voir entrer. Dès-lors, à cause de la majesté de l’Esprit saint, ce n’est plus un conseil, mais un précepte.

V. Quant au principe qui ne veut qu’un seul mariage, l’origine elle-même du genre humain le sanctionne, en attestant ce que Dieu a établi dès le commencement pour servir de règle à tous ceux qui viendraient après. En effet, après avoir créé l’homme et jugé qu’une compagne lui était nécessaire, d’une de ses côtes il forma pour lui une seule femme. Ni l’artisan, ni la matière ne manquaient, puisqu’Adam avait plus d’une côte, et que les mains de Dieu sont infatigables. Toutefois, Dieu ne donna point à Adam plusieurs femmes. Adam, fils de Dieu, et Eve, fille de Dieu, consacrés l’un à l’autre par un mariage unique, ont aussi transmis aux hommes fils de Dieu la loi du mariage, fondée sur l’autorité de la création et la première volonté du Très-Haut. Enfin, « Ils seront deux dans une » seule chair. » Deux, a-t-il dit, et non pas trois ou quatre. Autrement, il n’y aura plus une seule chair, ni deux dans une même chair. Mais comment cela s’accomplira-t-il ? Si les deux époux ne se confondent qu’une seule fois dans une même unité. Que cette union se renouvelle deux ou trois fois, la chair cessera d’être une : dès-lors, deux ne seront, plus dans une seule chair, mais une seule côte appartiendra à plusieurs.

Autre considération. Lorsque l’Apôtre applique « au Christ et à l’Église » ces paroles : « Et ils seront deux dans une seule chair, » d’après ces fiançailles spirituelles de Jésus-Christ et de l’Église (car le Christ est un comme son Église est une), nous devons reconnaître qu’une double loi,